Bouquin-bouquine

Ghouls of Nineveh [copinage inside]

Je suis un boulet, faut s’y faire, c’est comme ça !
Le genre de Boulet qui pré-commande un bouquin, puis oublie qu’il l’a fait.
Le genre de boulet qui se gourre d’adresse en faisant cette fameuse pré-commande.
Du coup, ça donne une scène cocasse au boulot ce matin quand la secrétaire m’apporte « un courrier pour toi, ça vient de chez… Sombre Bizarre Éditions !  »
moi : « Gniihhh ? chai pô skeussai… Passe on va voir » et je remonte vers mon bureau en tâtant cette épaisse enveloppe et en me demandant ce que ça peut bien être…

Un coup de lame de Couteau Suisse plus tard (Clin d’œil appuyé vers mes nouveaux copains)… s’étale sur mon bureau, une BD, un badge « Brutal Corpse Comics », deux marques pages, une carte de visite, et un Ex-Libris numéroté.
Bien évidemment, au vu de la carte de visite, je comprends immédiatement d’où ça vient, mais aussi que je suis un boulet (cf. 3eme phrase de ce billet).

Donc il y a quelques mois, en février pour être précis, je me suis rendu compte que Svart cherchait à publier un ouvrage et en appelait aux dons et pré-commandes.
Svart ayant participé activement à son heure a l’ambiance du Forum Yiu, étant métalleux et auteur de BD, je ne pouvais pas ignorer son appel.

Aujourd’hui Fabrice Gagos aka Svart a trouvé un éditeur et voici donc :

Couverture Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Ne l’ayant que feuilleté, je ne peux vous dévoiler que le pitch officiel, je le lirai plus tard avec toute l’attention nécessaire :

Adam vivote entre son magasin de DVD et son groupe de Death Metal à l’agonie. Dans l’église où se déroule la cérémonie d’enterrement de son beau-père, les reliques d’un saint semblent doté d’un étrange pouvoir qui va réveiller les morts du cimetière…

Pour les planches voilà une double page qui éveillera peut-être votre appétit :

Planche Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Bref, une atmosphère revendiquée de série Z, si vous aimez les trucs « trop Kawaï » passez votre chemin et laissez les fans de Lovecraft en faire leur plaisir.
Et du plaisir j’avoue que j’en ai eu en découvrant aussi la dédicace qui enrichira ma collec de griffouillages personnalisés :

Ma dédicace de Svart
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Ouuhh le bel undead ! :)
Pour les plus anciens lecteur de Bédéphagie, j’avais déjà une dédicace de Svart pour le petit album Missy que je recommande chaudement.

Et enfin, me voilà gratifié d’un magnifique Ex-libris en série limitée :

Ex-Libris Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

C’est tout pour le moment, j’éditerai le billet dès que j’aurais lu l’ouvrage, donc à suivre ci-dessous !
Je suis un boulet, c’est vrai, mais parfois ça me réserve de bonnes et inattendues surprises !!

EDIT DU LENDEMAIN

J’ai lu ! donc je peux vous en dire un peu plus sur ce Ghouls of Nineveh.
Première chose : c’est à suivre, du coup je suis resté sur ma faim à la fin :)
La « bonne nouvelle » c’est que ce ne sera qu’un dyptique et que le second album verra la fin de l’histoire, nous ne partons pas sur une saga à la Walking Dead donc.
Que dire de la lecture ?
J’ai attaqué gentiment, en essayant de me faire au nouveaux personnages et au dessin faussement simple de Svart.
Le découpage nous fait passer d’un groupe de protagonistes à l’autre, ce qui peut paraître confus, mais se gère finalement très bien, surtout que l’ensemble des personnage (enfin ceux qui survivent) se retrouvent assez rapidement regroupés.
J’avoue ma frustration à la fin de l’album de ne pas connaître la suite surtout que j’i l’impression de l’avoir dévoré, ce qui ma foi est gage de qualité. Où plutôt gage de correspondance avec mes goûts bédéphiles éclectiques !
Certainement pour palier à cette déception, Svart à agrémenté la fin de l’ouvrage par quelques planches pleines pages assez sympa et enfin une double page avec deux personnages qu’on rencontre au début de l’album et qui continuent leurs petites vies mine de rien, à cent lieux de s’imaginer ce que subit leur pote à quelques kilomètres de là, bref un parfait décalage qui m’a fait marrer.
Oui, je suis bon public, oui j’aime aider les jeunes auteurs, et oui : je vous le conseille (sauf si votre truc c’est Sakura la chasseuse de cartes et les menuets en sourdine).

Bon… c’est pas tout ça mais Fabrice… Elle vient cette suite !?

Le Salon du Robot vient de se terminer

Une occasion pour moi de rappeler quelques règles de bon sens à nos savants fous :

Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.

Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.

Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Une occasion surtout de rendre hommage à l’immense Isaac Asimov.
C’est surtout ça qui motivait ce très court billet ! ;)

3 pas dans l’univers de Jirô Taniguchi

Enfin un nouveau billet, je sais, je me fais rare et j’avoue sans vergogne que j’en ai un peu honte.
Alors aujourd’hui pour me faire pardonner je vais partager avec vous une découverte très récente pour moi : Jirô Taniguchi. 谷口ジロー

En effet ce week-end j’ai lu trois de ses productions (d’où le titre du billet) et je vais de ce pas vous les faire partager.
L’ordre dans lequel je les aie lu n’est pas important, mais je vais présenter les trois albums dans le même ordre, je trouve que c’est une bonne approche.

Premier pas
Donc j’ai commencé par un album grand format 24×30 de 64 planches paru en 2009 chez Dargaud : Mon Année : Printemps. Initialement prévu en 4 albums la série Mon Année à l’air d’être au point mort et je le regrette, je vais tout de même tenter d’avoir plus de renseignement sur la parution éventuelle du second tome.

Couverture mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

De tout ce que j’ai lu, Printemps est l’album le plus européen de Jirô Taniguchi. À plus d’un titre, premièrement il est scénarisé par Jean David Morvan; ensuite il est paginé en sens de lecture à l’européenne et enfin, l’action se passe en Normandie.
Deux mots sur l’histoire : Capucine est une jeune trisomique, légèrement attardée et qui vit à cheval entre son monde où elle côtoie un ami imaginaire et celui bien réel de ses parents.
Seulement la vie réelle n’est pas si simple et l’intégration d’un enfant handicapé dans notre société s’apparente vite à un parcours du combattant lorsqu’il est question de lui faire suivre un cursus scolaire classique.
JD Morvan nous entraine dans un tourbillon de sentiments contradictoire ou l’amour se heurte à la normalité, où les sentiments doivent se confronter à l’usure façon toile émeri de la vie quotidienne.

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

On oscille entre la compréhension et l’indignation mais ce n’est pas étonnant, les scènes qui sont décrites ici sont bassement humaines et nos petites lâchetés quotidiennes, résonnent en nous quand nous les avons sous les yeux et que nous n’en sommes que spectateurs.
Traité entièrement à l’aquarelle, cet ouvrage prouve s’il en était besoin que Jirô Taniguchi est loin d’être un mangaka classique mais bien un artiste du neuvième art qui maîtrise son outil.
Je suis assez partagé en fait, je vous conseillerai bien de lire cet album, mais la crainte qu’il ne reste sans suite me fais hésiter à vous diriger vers cet achat frustrant.

Petite anecdote : Samedi dernier après l’avoir lu (je rappelle qu’il est sorti en 2009) je me rends à la Fnac Herblay pour trouver le second tome.
Après un rapide tour du rayon BD (qui est loin d’être énorme) et d’infructueuses recherche, je me dirige vers un vendeur déjà accaparé par une demoiselle.
Je patiente puis tends l’oreille… Incroyable ! La jeune fille cherchait exactement le même album que moi !!!
C’est pas un signe qu’il est bon ça !?
Du coup, le pauvre vendeur a fait deux déçus et moi je suis parti avec deux autre Taniguchi sous le bras dont je vais vous parler tout de suite.

Deuxième pas

Le second est aussi une « co-production franco-nippone » et oui Taniguchi n’est pas malchanceux puisque c’est Mœbius en personne qui l’a choisi pour illustrer son scénario !
Pour être tout à fait exact, Jean Annestay est également crédité en tant que co-scénariste, mais son nom est écrit en tout petit, par rapport à Mœbius.

Contrairement à Printemps, cet album est un petit format 20×25 de 284 planches, paginé à la japonaise, si vous êtes totalement déroutés par les mangas publiés en sens de lecture original, passez votre chemin ! :)

Couverture Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Mais venons en au scénario de Icare puisque tel est son titre :

L’action se déroule dans un Japon futuriste et dictatorial ou les hommes au pieds de verre (issus de fécondation in vitro) essaient de renverser le gouvernement en place, par des actions terroristes violentes.
Durant une de ces vagues d’attentats, un enfants naît dans un hôpital. À peine sorti de la matrice maternelle, le bébé se met à flotter dans les airs naturellement.
Bien entendu un tel prodige intéresse fortement le gouvernement qui imagine tout de suite les retombées martiales possibles si il parvenait à découvrir et à dupliquer le secret du vol pour en faire bénéficier ses troupes.

Planche 37 IcarePlanche 38 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Le garçon est donc retiré à sa mère et mis au secret dans un centre qui lui est entièrement dédié, au passage, on le baptise Icare puisque ses capacités lui permette de réaliser naturellement le plus vieux rêve de l’homme : voler !
C’est donc totalement isolé du monde extérieur que Icare grandira et développera son formidables talent.
Objet d’expériences quotidienne, ne connaissant de la vie rien d’autre que ce quotidien où toute trace d’humanité semble absente.

Planche 53 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Icare sera-t’il éternellement le jouet docile de l’état ?
Comme dans tout scénario qui se respecte, bien entendu, un grain de sable viendra gripper la machine trop bien huilée du gouvernement.
Un grain de sable prénommé Yukiko, un très joli grain de sable qui plaît énormément à Icare.
Et oui, on peut être un garçon volant et avoir des hormones en parfait état de fonctionnement non ? :)

Planche 280 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Pas question pour moi de spolier plus cet album, mais intéressons nous à la forme, le scénario de Mœbius est assez succinct, disons succinct dans cette forme là, nous y reviendrons.
En effet l’édition que j’ai acquise est enrichie d’un carnet de croquis de Taniguchi mais aussi d’un interview de 12 page de Mœbius. Passons rapidement sur le carnet de crayonnés, qui sincèrement n’est pas des plus intéressant (et pourtant vous savez combien je suis friand des sketchbooks !).
Intéressons nous plutôt à l’interview. Entretien que, il va sans le dire, vous ne lisez qu’une fois l’album terminé.
Et là… Si vous partagez mes goûts, vous remerciez/bénissez Jirô Taniguchi.

Mœbius explique au fil de ces quelques pages d’entretien sa vision de l’univers d’Icare, son scénario original aurait couvert de nombreux albums si il était paru tel quel. On peut regretter une telle purge de l’histoire, ça a été mon premier sentiment, mais à la lecture des pistes retenues à l’origine, j’avoue avoir été rassuré des nombreuses amputations commises sur le scénario.
Par exemple, vous avez échappé à une scène plutôt sado-maso avec scatophilie voir même scatophagie… Beuark ! Il reste une scène saphique dans Icare mais relativement soft même si elle n’apporte rien à l’histoire proprement dite. Entre parenthèses, dans cette scène on peut apercevoir des poils pubiens, preuve s’il en est que Taniguchi s’européanise.

À contrario, on peut regretter une fin « en queue de poisson » ne laissant aucune place au développement de l’intrigue sur les « hommes éprouvettes », ce point du scénario manque de profondeur et pourrait presque être passé à la trappe et remplacé par un élément qui n’appelle pas de curiosité particulière de la part du lecteur.
Un état expansionniste et belliciste cherchant juste une nouvelle arme pour assouvir ses fantasmes guerrier par exemple.
Par-contre je ne sais pas comment il aurait été accueilli au Japon, la seconde guerre mondiale et ses cicatrices ne sont pas si loin. Toujours est-il qu’une pirouette scénaristique aurait été la bienvenue pour nous éviter une certaine frustration de lecteur curieux du background de l’histoire.

Dans un ressenti tout à fait personnel, je trouve que l’univers d’Icare est proche de l’univers de Appleseed, sans aucun soupçon de plagiat de ma part étant donné que les histoires sont tout à fait différentes. C’est juste « l’univers » dans lequel se déroule l’action qui offre des similitudes inhérentes au combo « Japon/femme dirigeante/race « inférieure »/opposants au régime ».

Pour conclure, revenons à Jirô Taniguchi, qui nous entraîne dans un album quasiment intégralement noir & blanc où seules trois ou quatre planches sont colorées au tout début de l’ouvrage, dessiné d’un trait résolument typé manga, Icare est à l’opposé de Mon Année.
Opposition logique vu que Icare à été initialement publié au Japon dans un périodique.
Taniguchi à aussi privilégié une ambiance relativement contemplative avec peu de dialogues et beaucoup de grande planches.
Le aficionados du style japonais encore une fois ne seront pas déroutés.

Troisième pas

Passons donc au dernier ouvrage qui je dois l’avoué est mon préféré : Quartier Lointain
Alors on va faire simple, Quartier Lointain est un petit bijou très bien reçu par la critique européenne et récompensé par de nombreux prix (dont « Meilleur scénario » en 2003 à Angoulême) ça vaut ce que ça vaut mais pour une fois que je suis d’accord avec eux, je ne vais pas bouder mon plaisir :)

Commençons par les infos pratiques habituelles, Quartier Lointain est un petit format 18×24 de 406 planches en pagination occidentale aux éditions Casterman. Contrairement aux deux autres productions présentées, c’est un album réalisé à 100% par Jirô Taniguchi.

Couverture de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Etonnamment, cet album commence aussi par une demi-douzaine de planches couleur avant de basculer en noir & blanc intégral.
Des trois, c’est à mon avis le plus intimiste, celui où Taniguchi a mis le plus de lui même.
Imaginez un instant qu’un matin vous vous réveilliez en ayant 14 ans, mais dans la peau de vos 14 ans : même endroit, même parents, même école…
Bref un voyage dans le passé mais avec votre vécu d’adulte, vos cicatrices secrètes, vos regrets !
Comment géreriez-vous, ce qui pourrait être une nouvelle chance de tout changer, y compris votre avenir !?

C’est à cet exercice risqué que nous sommes confronté dans Quartier Lointain

Hiroshi Nakahara prend le train pour rentrer chez lui après une soirée trop arrosée, un penchant alcoolique récurrent chez lui. au bout de quelques kilomètres il se rend compte qu’il n’est pas dans le Shinkansen pour Tokyo mais dans le train pour Kurayoshi, sa ville natale, dans laquelle il n’était pas retourné depuis le décès de sa mère quand elle avait 48 ans, l’âge d’Hiroshi aujourd’hui.

Arrivé à la gare, constatant que plusieurs heures le sépare du train qui le ramènerait chez lui, il décide de se rendre sur la tombe de sa mère. Arrivé au temple Genzen, il s’agenouille devant la tombe et prie. Soudain, il se réveille au même endroit, se serait-il endormi ?
Mais bien vite Hiroshi se rends compte que son centre de gravité, son poids, ses sensation ne sont plus les même et qu’il est vêtu d’un costume d’écolier !
C’est là que commence son aventure, notre héros se rends compte bien rapidement et à sa grande stupeur qu’il est revenu à l’été de ses 14 ans.
Été au cours duquel son père était disparu sans laisser de trace.
Qu’elle va donc être sa vie à partir de cet instant ? que va-t’il devenir ? Comment va-t’il gérer l’approche de la date fatidique où son père va disparaître ?
Vous désirez le savoir !?
Courrez donc vous procurer cet album, je n’en dirai pas plus !!
Mais comme j’aime bien vous mettre l’eau à la bouche, et que j’aime aussi que vous vous fassiez votre propre idée, voyez quelques extraits :

L’intérêt d’avoir déjà vécu cette vie : Savoir où les copains planquent leur whisky…
Planche 131 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Pouvoir dire à ceux qu’on aime ce que l’on a gardé 34 ans sur le cœur
Planche 349 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Prendre la mesure de son impuissance
Planche 360 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Au-delà de ça, se posent encore d’autres questions : Hiroshi est-il bloqué dans son corps d’avant sans possibilité de retour à sa vie présente ?
Qu’adviendra-t’il de sa femme et de ses deux filles qu’il a laissé dans un futur qu’il risque de modifier par ses actes présents ?

Et vous, si vous aviez une chance de rejouer votre vie… que feriez vous ?

Moi j’ai adoré Quartier Lointain, à tel point que je pense me procurer très prochainement K et le Sommet des Dieux deux autres productions de Jirô Taniguchi, qui vient de faire une entrée fracassante dans ma bibliothèque !

…Voilà, je viens de mettre un point final à un article commencé le 5 février.
Et oui, après une si longue absence, il fallait au moins un mur de texte pour me faire pardonner n’est-ce pas ? :)

New-York 1947

Il y a des chroniques plus facile à écrire que d’autres, celle-ci fait partie de la seconde catégorie, rarement un album m’aura laissé une impression si mitigée.
Il ne m’a pas déplu non, sinon je ne l’aurais pas chroniqué, mais il me laisse un goût d’inachevé, l’impression d’être passé à coté de quelque chose qui aurait pu être beaucoup plus percutant, beaucoup plus approfondi !
Néanmoins il a le mérite d’exister et de ne pas être franchement mauvais.

Quoiqu’il en soit je le déconseillerai à qui n’aurait pas lu Block 109 (voir ce billet) sous peine d’un rejet non mérité de l’ouvrage.
En effet, autant Etoile Rouge ou Opération Soleil de Plomb (voir ce billet) peuvent se lire seuls, autant New-York 1947 impose d’être imprégné du premier opus pour être apprécié à sa juste valeur.
Bien, ceci étant dit commençons à spoiler un peu et à exprimer mon ressenti (oui le mien, je le précise puisque je ne vais pas dire que des choses sympa).

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Un commando allemand est désigné pour aller récupérer le contenu d’un coffre à Manhattan. A ce niveau, on peut parler de mission suicide sachant que les membres du commando on été choisis pour leur aptitudes personnelles mais aussi pour leur aptitude à avoir déplu à quelqu’un de haut placé dans le Reich, un genre de « 12 salopards » version allemande, à ceci près qu’ils sont six et que Manhattan a servi de zone de test pour un virus expérimental nazi quelques mois auparavant.
Virus qui a fait muter les rares survivants de l’île, oui rares survivants, puisque le Reich un peu taquin, à lâché le feu nucléaire sur les États-Unis en mai 1945.

Ah oui.. petit aparté pour ceux qui ne connaîtraient pas Block 109, cette série est une uchronie, soit : partir de faits réels et tordre la réalité pour en créer une autre, telle qu’elle aurait pu, ou pas, se produire. Fin de l’aparté.

Voici donc nos six salopards en train de déambuler dans les rues d’un Manhattan dévasté qui n’est pas sans rappeler le sublime Prophet de Matthieu Lauffray, j’ose penser que ce n’est pas complètement involontaire et que c’est un clin d’oeil voulu.
D’un autre coté, dessiner New-York à moitié rasé et quasi désert ne peut qu’y faire penser, c’est certainement moi qui m’emballe, impatient que je suis de voir le 4ème tome de Prophet :)

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Revenons à nos moutons, le commando subit sa première perte, Der Journalist qui chute dans des circonstances mystérieuses, puis le groupe essuie très rapidement une première embuscade dans laquelle il perd le sac à dos de Der Spezialist; sac à dos qui contient un matériel essentiel à la réussite de sa mission.
Ici intervient pour moi la première incohérence du scénario : une rencontre providentielle et essentielle avec Alice/Rachel, un improbable chaperon rouge.
C’est bien connu, dans un monde urbain ruiné où chacun lutte pour sa survie, que chaque bloc de pierre peut cacher un ennemi, la tenue de combat furtive appropriée est un « poncho » rouge vif.
D’autant que durant tout l’album aucun des militaires chevronnés qui l’accompagne ne lui fera remarquer qu’elle peut mettre le groupe en péril avec cette tenue.
M’ouiiii… je suis dubitatif.
Par contre, j’y vois encore un clin d’œil, j’en suis friand et je finis par en voir partout, même là où il y en a pas… Cette silhouette rouge dans un univers monochrome, me fais penser à la Liste Schindler de Spielberg, association d’idées et d’univers sans doute…

continuons si vous le voulez bien, la demoiselle marchande la restitution du sac à dos contre l’exterminations des abominations qui colonisent la ville.
Le commando se lance à leur poursuite et arrive sur une position en surplomb des mutants. Der Ritter se lance dans un plan de bataille avec encerclement de l’ennemi en composant trois groupes de deux combattants; dont un groupe avec Rachel et Spitzel… Y’a que moi pour trouver ça débile ?
Vous composeriez un groupe avec les deux seules personnes capables de vous guider dans une ville inconnue vous ?
Ce mec doit être du genre à écrire son code secret au dos de sa carte bleue, un fin stratège assurément…

Le combat est engagé et tourne rapidement à l’avantage des agresseurs, qui sont armés et je le répète en hauteur par rapports à leurs cibles, nous y voyons Rachel armée d’un fusil mitrailleur en train de faire un carton sur les mutants avant d’égorger Spitzel… avec un poignard !?
Une rafale de fm n’aurait elle pas été plus efficace ?
Elle ne devait plus avoir de munitions, admettons…
À son retour, personne ne trouve étrange que la seule victime soit celui qui accompagne une ennemie potentielle, et ne va vérifier l’état du cadavre… passons aussi.

Mais dites moi, elle ne serait pas aussi débile que le Ritter cette petite Rachel ?
Après avoir égorgé Spitzel elle dit, s’adressant à son cadavre « Désolé mais je dois me tirer d’ici ».
Bien… alors pourquoi file-t’elle rejoindre le groupe plutôt que de se tirer !?
Je vous rappelle que ses compagnons sont morts et qu’elle est sensée guider des nazis qu’elle déteste pour accomplir une mission dont elle ignore tout, mais qui à coup sûr sert les intérêts du Reich, sinon ils n’enverrait pas un commando pour l’accomplir.
Encore une fois, y’a que moi pour trouver ça idiot ?
On en a tondues pour moins que ça…

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Bref, j’ai spoilé méchamment mais j’ai occulté bon nombre de petits détails pour vous permettre quand même une découverte sympathique de l’album, et je ne vais pas dévoiler le dénouement, même si une des scènes de la fin de mission, avant le retour me défrise un peu… je ne suis pas si cruel ;)
Par contre le dénouement est magistral, romantique, poignant et en même temps si futile et dérisoire (je parle ici du point de vue du héros, futile et dérisoire ne qualifie pas le scénario) .
Comme je l’ai déjà précisé, il ne sera perceptible qu’à un lecteur ayant lu Block 109.
Un « néo-lecteur » qui commencerait par New-York 1947, à coup sûr resterait sur sa faim et sa perception de la qualité de l’album serait biaisée, ce serait dommage.

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Comme les trois précédents opus, le dessin de Ronan Toulhoat est nerveux et rythmé, la qualité est au rendez-vous, il ne lui manque pas grand chose pour que je l’encense totalement.
Les quelques errements du scénario, le changement de narrateur en court d’ouvrage qui peut être perturbant (même si le changement de couleur de l’encart texte permet de s’y retrouver ), la fin légèrement précipitée me laissent légèrement sur ma faim. Une sensation de trop peu ou de trop confus peut-être.
Au-delà de ça, New-York 1947 reste un bon album doté d’une très belle couverture qui cumule les codes que j’aime (hep ! y’a pas aussi une référence à la planète des singes ? ok j’arrête…). il est aussi doté d’un petit carnet de croquis à la fin, j’adore ça !

Carnet de croquis New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Les fans de la série l’apprécieront, et moi aussi malgré le ton du billet qui pourrait laisser penser l’inverse.
C’est pourquoi je suis impatient de voir sortir Ritter Germania (sortie prévue en avril 2012) si le cycle se confirme* ce devrait être une tuerie absolue !
me décevez pas les mecs ! :)

*Un cycle tout à fait perso : j’ai adoré le premier, pas apprécié du tout le deuxième, adoré le troisième, été un peu décu par le quatrième, donc…

Mise en abîme

Je ne sais pas si on peut réellement parler de mise en abîme mais le concept me plaît.
Un genre de jeu de poupées russes, de boîtes gigognes qui ne finissent pas de s’emboîter les une dans les autres.

Prenez, des cadavres, une anthropologue judiciaire de renommée mondiale qui participe à des enquêtes et écrit des romans secouez le tout et vous obtenez… Bones

Oui Bones, la série de M6, il m’aura fallu 6 saisons pour entrevoir au générique la mention « inspiré de fait réel », ça m’a intrigué et quelques clics plus tard, me voilà moins ignorants.
Si vous voyez où je veux en venir c’est que vous savez déjà tout et vous pouvez passer votre chemin !
Les autres restez, c’est assez passionnant.

Il existe une femme, réelle, du nom de Kathleen Reichs qui exerce le métier d’anthropologue Judiciaire au Laboratoire de Sciences Judiciaires et de Medecine Legale de Montréal (Québec), métier où elle excelle. Sa réputation l’entraine des charniers du Rwanda à ceux du Guatemala et plus récemment aux décombres de Ground Zero pour aider les enqueteurs à identifier les cadavres.

couverture Déjà Dead
© Kathy Reich 2010
source : http://kathyreichs.com/about-kathy/

Ça vous rappelle quelqu’un ?
Oui ! Temperance Brennan, l’héroïne de la série Bones, tout à fait !

couverture Déjà Dead
© FOX – Extrait partiel – source : http://www.fox.com/bones/photos/#extras/bones:4720852

Et bien figurez-vous que Kathy Reichs, en plus de son métier d’antropologue judiciaire écrit des livres dont l’héroïne est Temperance Brennan !

Dans Bones, Temperance Brennan écrit aussi des romans à succès mais son personnage principal ne porte évidemment pas son nom, non, il se nomme simplement Kathy Reichs !
Pas mal non ?
Moi j’aime bien…
Donc je résume : Kathy écris des scénari dont l’héroïne, Temperence écrit des livres sur Kathy, c’est bien une mini mise en abîmes non ?
Maintenant je me pose la question :: est-ce que la Kathy des livres de Temperence écrit des livres sur Temperence ??? Mmmhh ?? Je crois qu’on ne le saura jamais ! :)

Comme je suis curieux de nature je me suis fait livrer par une célèbre horde de guerrières à cheval trois des quatorze romans de Kathy Reichs.
Anecdote coquette : l’application iPhone de Amazon est tellement bien foutue que j’en ai reçu deux en langue anglaise… D’un autre coté, c’est piégeux les titres sont en « franglais » en clin d’œil au lieu où se déroule l’action Death du Jour et Déjà Dead !
y’a plus qu’a renvoyer…

Premier conseil : il faut se « déshabiller » des images de la série pour s’imprégner des nouveaux personnages et éviter de voir ceux de la série; conseil valable aussi pour la demie douzaine de romans de Jeff Lindsay dont le héros est le célébrissime Dexter.
Je dois avouer que contrairement à ce que je pensais, c’est assez facile !
En effet Brennan et Brennan ont assez peu de choses en commun hormis leur patronyme et leur métier.
Là où Brennan-bones est froide, supérieurement intelligente, incapable d’empathie, Brennan-Reichs est plutôt une battante, alcoolique repentie, peu en phase avec l’autorité hiérarchique et légèrement trop impliquée par les victimes de sa table en inox. Contrairement à Brennan-bones, Brennan-Reichs connaît la vie de famille, elle est divorcée avec une fille adolescente.

Ici foin de Seeley Booth et d’équipe de scientifiques doux-dingues infaillibles , Brennan-Reichs à plutôt affaire à des expert médico-légaux poussiéreux tels qu’on les imagines dans les romans de San Antonio, des rapport conflictuels avec les officiers de police, surtout un en fait, avec qui elle est contrainte de collaborer. Inutile d’imaginer une amourette naissante entre ses deux-là qui se détestent cordialement !
Ah ! il faut oublier aussi Washington DC, l’action se déroulant dans la Belle Province à Montréal.
Bref assez peu de points communs donc entre la série et le roman.

Et pourtant le roman se laisse lire docilement, l’action n’est pas trop rapide mais le rythme reste fluide. Un autre écueil a été évité avec brio : les descriptions ne sont pas trop techniques malgré une vraisemblance médico-légale étudiée et assez poussée. Le coté Québecois apporte un peu de fraîcheur et nous change du coté « América forever on est les meilleurs » . Je me dois de préciser toutefois que Temperence Brennan est américaine et travaille à Montréal.

Attention la suite de l’article peut contenir un certain nombre de Spoils

J’ai commencé, assez logiquement, par le premier roman Déjà Dead, paru en 1997.

couverture Déjà Dead

Temperence Brennan que tout le monde appelle Tempe doit intervenir pour identifier les restes d’un corps humain trop décomposé pour une identification classique. Le corps démembré a subi de nombreux outrages. En étudiant le corps, Tempe perçoit presque instinctivement des similitudes avec un cas étudié auparavant.
De fil en aiguille et malgré la réprobation de la police locale et surtout de l’inspecteur Claudel qui la déteste, Brennan se lance dans une enquête parallèle qui la met sur la piste d’un probable serial killer.
Probable car il n’existe aucun dénominateur commun entre les victimes si ce n’est la méthode de démembrement.
En plus de cette investigation qui la ronge Temperence doit gérer à distance sa fille adolescente en pleine période de conflit mais aussi son amie d’enfance Gabby qui se fourre dans des situations impossibles.
Qui se ressemble s’assemble dit-on, le fait est que Brennan est très forte aussi pour se mettre dans la panade, à tel point, qu’elle finit par attirer l’attention du tueur qui lui laisse un message plus qu’explicite dans son jardin.
Son angoisse atteindra son paroxysme quand Gabby et sa propre fille deviendront les cibles du tueur.

D’une facture assez classique pour un premier thriller, Déjà Dead, n’atteint pas pour moi la qualité d’un Maxime Chattam, même si le rythme est présent, les personnages attachants et l’intrigue intéressante quoique relativement prévisible sur la fin.
mais comme je viens de le préciser, c’est un premier roman, et les premiers Chattam sont logiquement loin de valoir les derniers parus. Il est donc logique que je persévère, puisque cette lecture m’a plu et que je me plonge dans les romans suivant de Kathy Reichs.
Enfin, dès que j’aurais réussis à le obtenir en français ! :)

Note : Pour illustrer ce billet j’ai utilisé des visuels, sur lesquels je n’ai aucun droit, provenant des sites officiels. Je les retirerai à la moindre réquisition des ayant-droits des sites cités. Il est donc possible qu’à l’heure où vous lirez ces lignes (aujourd’hui ou dans dix ans) les visuels ne soient plus disponibles, je m’en excuse par avance.

Lachapelle vu par le Bédéphage

Avant d’entamer la rédaction de ce billet, je tiens à faire une petite mise au point : l’Art est subjectif, les goûts sont propres à chacun, suivant son vécu, ses émotions, ses expériences, sa religion, sa culture, son ressenti face aux œuvres présentées. Certaine œuvres pouvant plaire à l’un seront douloureuse ou intolérable pour l’autre. Le pire étant sans doute l’indifférence.
Quand dans Bédéphagie je parlerai d’Art, Sculpture, Photo, Peinture… La signification et le sens que je donnerai aux œuvres n’engageront que moi et ne seront le reflet que de ma propre analyse.
Il faudrait être d’une prétention sans bornes pour s’arroger le droit d’interpréter ce qu’a voulu dire ou transmettre l’artiste. À moins sans doute, que ce dernier ce soit déjà exprimé a ce sujet, d’être l’artiste en question, ou de posséder une culture artistique et historique globale ce qui est loin d’être mon cas (et celui d’environ 98% de la population).
Les choses étant claires, entrons dans le vif du sujet !

J’ai découvert l’œuvre de David Lachapelle assez récemment je dois l’avouer, au hasard des pages d’un magazine négligemment feuilleté dans une salle d’attente quelconque. Une photo qui m’attire l’œil, c’est vif, coloré, iconoclaste, ça me plait ! Un entrfilet indique qu’il est question d’un certain David Lachapelle et d’une expo qui doit avoir lieu à la Monnaie de Paris, pour une fois, j’ai de la chance, le magazine en question n’a pas six mois et l’expo à bien lieu du 6 février au 31 mai 2009 (oui j’ai dit que c’était récent mais j’ai omis de préciser que c’était il y a deux ans…). Quelques jours plus tard, je me rends donc à la Monnaie de Paris.
Passées la première salle présentant des travaux en 3D qui ne me plaisaient pas je prends une grande claque !
(je travaille dans le domaine de la PLV, du coup j’ai tendance à décortiquer la façon dont sont fabriquées ce genre de « sculptures en images » et j’ai du mal à y trouver un intérêt.)
Passé cette salle donc, nous sommes accueillis par une Piéta immense, un Christ junkie sur les genoux, un enfant innocent et facétieux aux pieds, des couleurs chaudes une composition stricte des symboles dans tous les coins, pas de doute, si le reste est de cet acabit je vais adhérer…. et j’ai adhéré !
Oh ! un détail… la Madonne c’était Courtney Love, son visage me disait bien quelque chose, mais sans le cartel à coté de l’œuvre, j’aurais bien été en peine de l’identifier formellement.

Parce-que David Lachapelle c’est aussi ça, un photographe de Stars, ne cherchez pas, ils sont tous passés devant son objectif, sportifs, starlettes, superstars internationales, politiques…
Vous ne me croyez pas ?
Alors je vous glisse quelques noms : Amanda Lepore, David Bowie, Paris Hilton, Michaël Jackson, Hillary Clinton, Elton John, Pamela Anderson, Mohamed Ali, Angelina Jolie, Puff Daddy, Justin Timberlake, Dolly Parton, David Beckham, Leonardo Di Caprio… Bref David Lachapelle c’est un peu le Nadar du XXIe siècle.
La comparaison avec Nadar s’arrête là, la plupart des travaux sont des « commandes » pour Vogue, Vanity Fair, Rolling Stones, Playboy ou le New York Times. Loin des portraits académiques de son prédécesseur, Lachapelle fait dans la mise en scène, la construction, rien n’est laissé au hasard, le plus petit détail compte.

Un exemple : Son portrait le plus « conventionnel » est sans doute celui d’Hillary Clinton, l’ancienne première dame est debout derrière un bureau, tout est convenable, presque strict, la parfaite photo de campagne, le cadrage, sa tenue, les photos sur le mur derrière elle, et sur le bureau…. le détail qui fait la différence : la pomme pourrie, véreuse.

Michaël Jackson
Michaël Jackson
© David Lachapelle
Anna Nicole Smith
Anna Nicole Smith
© David Lachapelle
Paris Hilton
Paris Hilton
© David Lachapelle



Cependant, il serait réducteur de réduire David Lachapelle à un photographe de mode, aussi talentueux soit-il, en parallèle de ces activités l’artiste se livre à des expériences plus personnelles comme les séries, Déluges, Jesus is my Homeboy, Disasters, Drunk Americans
Prenons l’exemple de cette œuvre de la série Déluge, j’aime beaucoup cette image qui était présente à la Monnaie de Paris et et que j’ai eu la chance de revoir le mois dernier à Art-Paris.

Le Déluge
© David Lachapelle

Cette œuvre concentre tout le talent et la démesure de David Lachapelle, imaginez que cette image a été réalisée en studio, et qu’elle ne fait l’objet d’aucun traitement ultérieur sous Photoshop comme la majorité des œuvres de l’artiste, et vous saisirez alors une infime parcelle de la quantité de travail démesurée demandée par la réalisation de ce visuel.
Je regrette de ne pas avoir trouvé de visuel plus grand que celui-ci à vous montrer, mais en cliquant dessus vous devriez avoir une vision un peu plus précise du tableau, oui je considère qu’en parvenant à ce niveau de composition l’on peut parler de tableau.
Tous les symboles y sont : enseignes de luxe, de grande distribution, temple de l’argent facile ou de la ruine, les symboles de la consommations moderne, caddies, voitures, les gens, jeunes, vieux, gros, maigres, tous tentant de survivre en sauvant ce qui leur est le plus cher, portable, nourriture, bonbons… Le tout sur les ruines noyées d’une civilisation moderne.
c’est une photo mais les attitudes sont figées, posées, comme sur les tableaux de la renaissance ou les personnages paraissaient comme statufiés pour l’éternité. ce détail déshumanise la photo et contribue à la rendre intemporelle, à s’en détacher pour l’observer avec recul (il en faut du recul, l’original doit bien faire dans les 3 mètres de large !)

Une autre série basée sur la religion est intéressante : Jesus is my Homeboy

Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle
Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle
Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle



Bon, j’ai un anglais assez catastrophique et après quelques recherches sur le Net on pourrait à priori traduire « Homeboy » par : « de mon quartier », « mon ami », « de mon gang », personnellement si je devais le traduire dans un sens compréhensible pour nous autres franchouillards en conservant le petit coté humoristique que je ressens dans ce titre, je pencherais pour « Jésus est mon Coloc’ ».
Dans cette série dont vous pouvez admirer quelques extrait ci-dessus, un bel éphèbe christique nimbé d’une lumière sacrée se ballade au milieu d’une Amérique des quartiers, et c’est tour à tour Marie-Madeleine qui lui lave les pieds, encore Marie-Madeleine à qui il le non-pécheur doit jeter la première pierre, la Cène avec ses apôtres à casquette tatoués qui défilent sous nos yeux.
Toujours avec cette saturation dans les couleurs qui se retrouve quasiment dans toute les créations de Lachapelle (excepté peut-être la série « drunk americans »), cette richesses des détails et cette précision de la pose des modèles.

Je me rends compte en me relisant que les deux séries mises en avant ont des « connotations religieuses », je me dois donc de préciser que c’est loin d’être le cas de toute l’œuvre de David Lachapelle, il y a aussi des série plus trash, justes décalées, sexy (j’ai vu sur le web des gens parler de pornographie, je ne partage pas cet avis), amusantes ou plus graves.

Alors pourquoi subitement l’envie me prends de vous parler comme ça de David Lachapelle deux ans après avoir vu une expo ?
En fait il y a un ou deux mois, lors du sortie du coté de Saint-Germain, je suis passé à la boutique Taschen que je vous recommande chaudement si vous aimez les livres d’art à prix abordable. Bien évidemment, je ne peux entrer dans cette boutique sans en sortir avec au moins un livre à la main !
Vous ne tomberez donc pas de votre chaise de surprise quand je vous présenterai cet ouvrage :

Heaven to Hell
© David Lachapelle – Taschen 2010

Oui, C’est bien la Piéta que j’évoquais en début d’article qui sert de couverture à cet ouvrage ! :)
Ouvrage d’un prix et d’un format plus que généreux : 352 pages – 25.9 x 33 cm – 29.99€
Si toutefois vous ne parveniez pas à vous offrir cet ouvrage et si comme moi vous appréciez le travail de David Lachapelle, je vous invite à vous rendre sur son site, où vous aurez tout le loisir d’admirer son travail quasiment en temps réel et gratuitement !

à noter : Contrairement à mes habitudes l’intégralité des images qui illustrent cet articles sont glanées sur le net à l’exception de celles portant le « © David Lachapelle – Taschen 2011″ qui sont scannées par mes soins sur l’ouvrage Heaven to Hell, ceci s’explique par le fait que la plupart des images de ce magnifique livre sont en « double pages » rendant un scan de qualité impossible.

Geek & Girly

Le 22 mai dernier j’accompagnais mes deux loulous à Mangachamp, un petit festival local autour du manga comme son nom l’indique.
Cette année au détour d’une table, je tombe sur ça :

Geek & Girly
© Rutile & Nephyla 2009 – Soleil

Un petit feuilletage rapide, « tiens c’est sympa », je repose…
Puis ayant à patienter, je le reprends, je m’attarde sur les petits gags, les private jokes de gamers, geeks et autre nerds.
Allez ! je vais le prendre, et pendant que j’y suis, comme les auteurs sont présentes je vais me le faire dédicacer !!
Le temps que la demoiselle devant moi finisse de faire dédicacer son exemplaire je patiente en lisant, mais j’ai du mal, légèrement perturbé par leur conversation « So Girly ! »… ou pas…
Je vous la fait brève et édulcorée, le thème était « l’attitude du mâle perturbé par un décolleté vertigineux ouvert sur une opulente poitrine » !

Je vous jure j’ai édulcoré, les termes étaient plutôt du genre « boobs », bref je me poilais en lisant et en écoutant, pas facile de rester concentré, surtout quand l’attitude des hommes est décodée avec autant d’humour…. :)

À mon tour !
Bon, surtout la regarder dans les yeux, après leur conversation, j’ai pas envie de passer pour le crevard de base, en manque d’émotion ^^

Alors, d’après-vous, de quoi avons nous discuté ?
Oui au fait, ça parle de quoi une fille qui fait une BD « Geek & Girly » !?
Et bien…. De WoW, d’ordi qui rame et qui va pas tarder à lâcher, de logiciels comme Toshop, bref une conversation dans le ton !

Merci à Nephyla, d’avoir été aussi sympathique et souriante, et si tu passes par là, j’ai créé un perso sur ton serveur, juste pour voir comment ça se passe sur les serveurs « JDR », en espérant ne pas me faire « report » pour « hors charte » :)

Avant de vous montrer la dédicace, je vous invite à découvrir son blog ;)

Et voilà ma petite Mathilde, avec son T-Shirt « I see dead pixels » qui était ma seule exigence pour cette ded’

Dédicace de  Nephyla pour Geek & Girly
© Nephyla 2010

Bien entendu, il y a deux auteurs et comme elles étaient toutes les deux présentes, je me suis empressé d’aller voir Rutile (50 cm plus loin, c’était pas l’effort de la journée ! )
Alors, une dédicace avec Rutile dans un salon comme Mangachamp c’est comment dire…. distrayant !

Ambiance : Vous êtes assis devant Rutile, qui commence à griffonner son bleu, et tout à coup, dans les hauts parleurs de la salle retentit le générique d’une anim qu’elle adore !
elle s’excuse avec un grand sourire et se barre promptement pousser la chansonnette en japonais, dans l’espace Karaoké près de la scène !
J’avoue, la première fois ça déstabilise un peu, au bout de trois, on est habitué !! :)
D’un autre coté, Rutile à un beau brin de voix et c’est plus agréable à entendre que la majorité des mecs qui braillent dans le pauvre micro comme des cochons qu’on égorge… si si, ils sont nombreux à n’avoir ni sens du rythme ni sens de la mélodie !! c’est usant pour les oreilles ^^
ça pourrait paraître cavalier comme ça, mais quand c’est fait avec le sourire et la bonne ambiance, ça passe tout seul !

Rutile a aussi son Blog où on apprends entre autre qu’elle va faire un Spin Off de Freaks Squeele ! \o/

Plutôt une bonne nouvelle pour cette série que je suis depuis le 1er album, Rutile travaillera donc sur un album dédié à Valkyrie. ça laisse espérer d’autre spins-off sur Ombre ou Xiong Mao ! :)

Dédicace de  Rutile pour Geek & Girly
© Rutile 2010

Tiens je me rends compte que je n’ai absolument pas parlé du scénar… il est beau le chroniqueur ! ^^
(attention ça va un peu spoiler)
Donc, Geek & Girly en quelques mots : Quentin est un branleur; le genre bogoss tombeur de filles, pas franchement scolaire avec un ego sur-dimensionné.

Il existe un jeu où pour progresser il faut séduire des filles, gare au faux pas, à la moindre réponse non conforme, le score dégringole au « Lovemeter ». Et malheureusement Quentin se mange des râteaux monstrueux IG ce qui le rend fou de rage.
Dans sa classe, il y a Mathilde, vous savez la petite rondouillarde avec des grosse lunettes, siiii !!!, l’intello que vous calculez même pas… oui… elle !

Et bien Mathilde outre le fait de faire partie des « Ringards(es) » de la classe où elle fleurte avec le podium au niveau de ses résultats, est aussi celle qui développe secrètement le fameux jeux où Quentin se prends des vestes.

Imaginez ensuite que Quentin a besoin de quelqu’un pour faire ses propres devoirs, de préférence de sexe féminin pour bien l’avoir à sa botte, et vous obtenez un savoureux cocktail où Quentin se fait tej’ la journée par Mathilde et utilise le soir le fruit de son expérience pour progresser dans le jeu…
et ça marche !

Sauf que Mathilde de son coté ne veut pas voir un joueur (anonyme il faut le préciser) se jouer aussi facilement de son univers virtuel…
Une grosse partie d’échecs commence !

Ah oui une dernière chose : Autour de Mathilde et Quentin gravitent tout un tas d’autres personnages qui n’ont rien de « secondaires ».
Voilà, si j’ai pu vous tenter, j’en suis satisfait, bonne lecture ;)

Et une petite pensée pour Toi à qui le titre du billet correspond tellement ! :-P

Block 109

Lors du dernier festival BD d’Auvers-sur-Oise, j’ai eu l’occasion de rencontrer les auteurs de Block 109, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat.

Deux très sympathiques jeunes auteurs qui avec Block 109 ont réalisé une belle performance en terme de scénario et d’ambiance.
Je vous conseille fortement cette lecture, sachant que c’est un « one shot ».

Ne soyons pas trop désespérés, un Spin Off se situant à une période antérieure et dans d’autre lieu est prévu (sortie en Juillet : « Etoile Rouge« ).

En attendant, voici la dédicace obtenue sur mon exemplaire de Block 109 (Akileos) et celle gentiment consentie en supplément sur mon livre d’or :

Dédicace Ronan Toulhoat pour Block 109
© Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat 2010

Dédicace Ronan Toulhoat pour Block 109
© Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat 2010

EDIT :
(Attention SPOIL)
Allemagne Nazie 1941, Adolf Hitler est assassiné, un jeu de chaises musicales commence à la tête du parti. Heydrich prend la tête de la SS, Himmler est nommé chancelier et crée « l’ordre teutonique » un groupuscule chargé de contrebalancer la toute puissance de la SS.
A la tête de cet ordre il nomme Zytec, un jeune officier ambitieux et apparemment sans scrupules, quasiment inconnu des cadres du parti, qui peu à peu va noyauter l’ensemble des organisations adverses.
Quand Himmler meurt Zytec obtient les pleins pouvoirs et s’oppose plus ou moins frontalement à Heydrich dans une lutte d’influence sournoise.
Mais que c’est-il passé sur la scène internationale durant tout ce temps ?
l’Allemagne, qui a mené à bien ses recherche sur la fission de l’atome à rasé Washington et Londres, donc pas question de compter sur un débarquement allié, l’Allemagne est quasiment maîtresse du monde, seul l’URSS est une menace….
Donc conformément au plan établi des années auparavant l’opération Barbarosa est en cours, l’URSS est envahie, mais comme dans l’histoire avec un grand H, ça ne se passe pas tout seul, les allemands essuient un revers monstrueux et le soviet est aux portes de Berlin.
Voilà à peu près la situation au début de Block 109, dont l’histoire se déroule au début des années 50.
Seulement voilà, il se passe des choses étranges et monstrueuses dans les égouts et réseaux souterrains de la ville.
Peut-être la seule arme qui pourrait inverser le cour de la bataille, mais une telle horreur est elle imaginable ?
Bonne lecture et « Bienvenue dans un monde en guerre » ;)

En quête de quêtes

Après avoir arpenté les ombres d’Avalon aux Cours du Chaos (1), en compagnie de Corwin d’Ambre, et ceci à au moins 4 reprises, avoir chevauché en terre du milieu avec Gimli et Legolas (2), avoir atteint les rivages de l’est en compagnie de Daenerys Targaryen (3), et avoir accompagné un orphelin et son loup réveiller d’antiques dragons de pierre (4), j’ai décidé de me lancé dans une nouvelle quête : défaire le terrible Darken Rahl.

Le amateurs d’Héroïc Fantasy, l’auront compris j’attaque un nouveau cycle : l’Épée de Vérité de Terry Goodkin, j’espère qu’il me comblera autant que les quatre que j’ai cité en introduction et qui sont pour moi des références !

Pour l’instant j’ai attaqué le premier tome, d’environ 1000 pages en format poche, au bout d’une centaine de pages, l’impression de départ est assez positive malgré un scénario hyper prévisible, avec un manque de surprise assez frustrant.

Mais soyons honnêtes, juger un cycle de onze tomes en ayant lu 10% du premier serait pour le moins malhonnête ou partisan.
Donc je vais aller au bout de ce tome, voir si je souhaite lire le deuxième, le troisième et ainsi de suite jusqu’au onzième.

Et une fois ce dernier tome avalé, je vous donnerai mon véritable sentiment.

Pour ceux qui n’auraient pas saisi mes allusions de départ, voici les notes de bas de page avec des liens pour découvrir et peut être apprécier 4 magnifiques cycles.

(1) L’indétrônable et mon premier : Le Cycle des Princes d’Ambre de Roger Zelazny
et oui, je l’ai lu 4 fois en un peu plus de 20 ans :)
(10 Tomes – cycle complet)

(2) On ne le présente plus et pourtant : Le Seigneur des Anneaux de J.R.R Tolkien
(3 tomes – cycle complet)

(3) L’immense Cycle du Trône de Fer de G.R.R Martin
je prie quotidiennement pour que son auteur vive suffisamment longtemps pour le terminer !
(en édition française – 12 tomes – cycle en cours)

(4) Le surprenant Cycle de l’Assassin Royal de Robin Hobb
une femme dans ce monde de brutes !
(13 tomes – cycle complet)

La Mécanique du Cœur

Oui, il ne fait aucun doute que vous connaissez l’album de Dionysos, il y a même peu de chances que vous ayez échappé au clips « Burtonniens qui promotionnent l’album…
Mais avez-vous lu le livre ?


© Mathias Malzieux
visuel : Johan Sfarr et Karim Friha pour autochenille
Adaptation d’andré Palais – Flammarion 2008

Il se lit tout seul, rapidement, son format, la taille des caractères rendent la lecture confortable, ça c’est pour l’aspect « physique ».
Pour le reste, Mathias Malzieux nous entraine dès le départ dans son univers, oubliez toutes vos références, on entre dans l’imaginaire !
Oui mais, un imaginaire ancré dans le réel, les époques, les lieux, certains personnages comme Mélies ou Jack l’éventreur et, j’ose le prétendre, une certaine dose d’autobiographie suffisamment distillée pour ne pas sombrer dans le voyeurisme à  la Voici/Gala.

Tout ceci crée une atmosphère onirique, légèrement steam, pleine de tendresse, d’humour, de mélancolie et de réflexion.
Sans mots compliqués, sans phrases alambiquées…
Et oui, aujourd’hui on peut faire de la littérature sans être condescendant, ni écraser le lecteur sous le poids de son vocabulaire académique. C’est possible et ça existe, Mathias Malzieu vient de le prouver avec brio et poésie.

Pour quelques euros je ne saurais trop que vous conseiller de suivre Little Jack dans ses aventures, avant d’écouter d’une oreille neuve l’album de Dionysos, et si d’aventure, vous étiez allergique à  l’album, le roman peut très bien se lire… en silence, juste troublé peut-être par le Tic-Tac d’un cœur qui bat.