Coup de Cœur

Hommage à Mœbius

Ce matin la planète BD vient d’apprendre la mort de Jean Giraud à 73 ans, des suites d’une « longue maladie », comme on le dit pudiquement.

Restons dans la pudeur, plutôt qu’un long article en mode « encyclopédie pompée Wikipédia » sur la carrière d’un monstre sacré de la BD, je vais écrire un tout petit billet intimiste : comment j’ai découvert Mœbius.

Jean Giraud Aka Mœbius
© Dargaud 2003 – Rita Scaglia / Dargaud

Il faut remonter le temps, jusqu’en 78 ou 79, j’ai au maximum huit ans, c’est l’été et je suis en colonie de vacances dans la Drôme à Saint-Bonnet de Val-Joyeux.
J’y suis allé deux ans de suite, d’où mon doute sur l’année exacte.
J’avoue n’avoir guère que de mauvais souvenirs de toutes mes colos, sans doute mon petit coté parfois associal et introverti, mais ils m’en reste quelques bons, dont celui-ci.

Nous les colons étions logés dans un petit château campagnard à l’entrée d’un beau parc avec un étang central.
Faisant partie d’une des plus jeunes classe d’âge, j’étais astreint à une sieste quotidienne.
Quelle horreur !
À cet âge là, en plein été, on rêve plutôt de battre la campagne que de dormir !
Aujourd’hui je vendrais mon âme certains jour pour « comater » une petite heure :)

Bref, l’une des salles du château faisait office de bibliothèque. Entendre par là : des gros poufs disposés anarchiquement et des caisses de BD posées au sol.
Au moment de la sieste, bien entendu, cette pièce était fermée à clef.
Jamais en retard d’une connerie, je m’étais rendu compte que nous pouvions ouvrir l’immense double porte en dégageant simplement le loquet qui maintenait un des battants au sol. Il suffisait alors de tirer les deux battants pour dégager le verrou sans l’aide de clef !

Vous l’avez compris, à partir de cette découverte, les siestes se résumaient à un commando de gamins investissant frauduleusement la bibliothèque dès que les monos avaient le dos tourné.

Et c’est dans cet endroit baigné de la lumière des heures les plus chaudes de la journée que j’ai lu mes premiers Blueberry. Loin de me douter qu’un jour j’aimerai la BD comme aujourd’hui et bien des années avant que je ne découvre Métal Hurlant et un certain Mœbius !
Je n’ai d’ailleurs appris que Mœbius et Jean Giraud ne faisaient qu’un, que bien longtemps après avoir dépassé la vingtaine d’année.

Pour moi Gir reste un maître de la BD au même titre que peuvent l’être Frankin, Goscinny ou Gotlib entre autres mais avec le petit plus d’avoir contribué à la naissance de ce qu’on pourrait appeler la BD Adulte.

Voilà, merci Gir pour ces instants volés de mon enfance et reposez en paix.

Je sais que mes lecteurs sont peu nombreux, mais je sais aussi qu’ils sont en majorité des passionnés de BD.
Alors plutôt que des commentaires tristes, je vous demande chers lecteurs d’écrire ce que Jean Giraud évoque pour vous comme souvenirs, premières lectures, anecdotes, rencontres…

3 pas dans l’univers de Jirô Taniguchi

Enfin un nouveau billet, je sais, je me fais rare et j’avoue sans vergogne que j’en ai un peu honte.
Alors aujourd’hui pour me faire pardonner je vais partager avec vous une découverte très récente pour moi : Jirô Taniguchi. 谷口ジロー

En effet ce week-end j’ai lu trois de ses productions (d’où le titre du billet) et je vais de ce pas vous les faire partager.
L’ordre dans lequel je les aie lu n’est pas important, mais je vais présenter les trois albums dans le même ordre, je trouve que c’est une bonne approche.

Premier pas
Donc j’ai commencé par un album grand format 24×30 de 64 planches paru en 2009 chez Dargaud : Mon Année : Printemps. Initialement prévu en 4 albums la série Mon Année à l’air d’être au point mort et je le regrette, je vais tout de même tenter d’avoir plus de renseignement sur la parution éventuelle du second tome.

Couverture mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

De tout ce que j’ai lu, Printemps est l’album le plus européen de Jirô Taniguchi. À plus d’un titre, premièrement il est scénarisé par Jean David Morvan; ensuite il est paginé en sens de lecture à l’européenne et enfin, l’action se passe en Normandie.
Deux mots sur l’histoire : Capucine est une jeune trisomique, légèrement attardée et qui vit à cheval entre son monde où elle côtoie un ami imaginaire et celui bien réel de ses parents.
Seulement la vie réelle n’est pas si simple et l’intégration d’un enfant handicapé dans notre société s’apparente vite à un parcours du combattant lorsqu’il est question de lui faire suivre un cursus scolaire classique.
JD Morvan nous entraine dans un tourbillon de sentiments contradictoire ou l’amour se heurte à la normalité, où les sentiments doivent se confronter à l’usure façon toile émeri de la vie quotidienne.

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

On oscille entre la compréhension et l’indignation mais ce n’est pas étonnant, les scènes qui sont décrites ici sont bassement humaines et nos petites lâchetés quotidiennes, résonnent en nous quand nous les avons sous les yeux et que nous n’en sommes que spectateurs.
Traité entièrement à l’aquarelle, cet ouvrage prouve s’il en était besoin que Jirô Taniguchi est loin d’être un mangaka classique mais bien un artiste du neuvième art qui maîtrise son outil.
Je suis assez partagé en fait, je vous conseillerai bien de lire cet album, mais la crainte qu’il ne reste sans suite me fais hésiter à vous diriger vers cet achat frustrant.

Petite anecdote : Samedi dernier après l’avoir lu (je rappelle qu’il est sorti en 2009) je me rends à la Fnac Herblay pour trouver le second tome.
Après un rapide tour du rayon BD (qui est loin d’être énorme) et d’infructueuses recherche, je me dirige vers un vendeur déjà accaparé par une demoiselle.
Je patiente puis tends l’oreille… Incroyable ! La jeune fille cherchait exactement le même album que moi !!!
C’est pas un signe qu’il est bon ça !?
Du coup, le pauvre vendeur a fait deux déçus et moi je suis parti avec deux autre Taniguchi sous le bras dont je vais vous parler tout de suite.

Deuxième pas

Le second est aussi une « co-production franco-nippone » et oui Taniguchi n’est pas malchanceux puisque c’est Mœbius en personne qui l’a choisi pour illustrer son scénario !
Pour être tout à fait exact, Jean Annestay est également crédité en tant que co-scénariste, mais son nom est écrit en tout petit, par rapport à Mœbius.

Contrairement à Printemps, cet album est un petit format 20×25 de 284 planches, paginé à la japonaise, si vous êtes totalement déroutés par les mangas publiés en sens de lecture original, passez votre chemin ! :)

Couverture Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Mais venons en au scénario de Icare puisque tel est son titre :

L’action se déroule dans un Japon futuriste et dictatorial ou les hommes au pieds de verre (issus de fécondation in vitro) essaient de renverser le gouvernement en place, par des actions terroristes violentes.
Durant une de ces vagues d’attentats, un enfants naît dans un hôpital. À peine sorti de la matrice maternelle, le bébé se met à flotter dans les airs naturellement.
Bien entendu un tel prodige intéresse fortement le gouvernement qui imagine tout de suite les retombées martiales possibles si il parvenait à découvrir et à dupliquer le secret du vol pour en faire bénéficier ses troupes.

Planche 37 IcarePlanche 38 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Le garçon est donc retiré à sa mère et mis au secret dans un centre qui lui est entièrement dédié, au passage, on le baptise Icare puisque ses capacités lui permette de réaliser naturellement le plus vieux rêve de l’homme : voler !
C’est donc totalement isolé du monde extérieur que Icare grandira et développera son formidables talent.
Objet d’expériences quotidienne, ne connaissant de la vie rien d’autre que ce quotidien où toute trace d’humanité semble absente.

Planche 53 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Icare sera-t’il éternellement le jouet docile de l’état ?
Comme dans tout scénario qui se respecte, bien entendu, un grain de sable viendra gripper la machine trop bien huilée du gouvernement.
Un grain de sable prénommé Yukiko, un très joli grain de sable qui plaît énormément à Icare.
Et oui, on peut être un garçon volant et avoir des hormones en parfait état de fonctionnement non ? :)

Planche 280 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Pas question pour moi de spolier plus cet album, mais intéressons nous à la forme, le scénario de Mœbius est assez succinct, disons succinct dans cette forme là, nous y reviendrons.
En effet l’édition que j’ai acquise est enrichie d’un carnet de croquis de Taniguchi mais aussi d’un interview de 12 page de Mœbius. Passons rapidement sur le carnet de crayonnés, qui sincèrement n’est pas des plus intéressant (et pourtant vous savez combien je suis friand des sketchbooks !).
Intéressons nous plutôt à l’interview. Entretien que, il va sans le dire, vous ne lisez qu’une fois l’album terminé.
Et là… Si vous partagez mes goûts, vous remerciez/bénissez Jirô Taniguchi.

Mœbius explique au fil de ces quelques pages d’entretien sa vision de l’univers d’Icare, son scénario original aurait couvert de nombreux albums si il était paru tel quel. On peut regretter une telle purge de l’histoire, ça a été mon premier sentiment, mais à la lecture des pistes retenues à l’origine, j’avoue avoir été rassuré des nombreuses amputations commises sur le scénario.
Par exemple, vous avez échappé à une scène plutôt sado-maso avec scatophilie voir même scatophagie… Beuark ! Il reste une scène saphique dans Icare mais relativement soft même si elle n’apporte rien à l’histoire proprement dite. Entre parenthèses, dans cette scène on peut apercevoir des poils pubiens, preuve s’il en est que Taniguchi s’européanise.

À contrario, on peut regretter une fin « en queue de poisson » ne laissant aucune place au développement de l’intrigue sur les « hommes éprouvettes », ce point du scénario manque de profondeur et pourrait presque être passé à la trappe et remplacé par un élément qui n’appelle pas de curiosité particulière de la part du lecteur.
Un état expansionniste et belliciste cherchant juste une nouvelle arme pour assouvir ses fantasmes guerrier par exemple.
Par-contre je ne sais pas comment il aurait été accueilli au Japon, la seconde guerre mondiale et ses cicatrices ne sont pas si loin. Toujours est-il qu’une pirouette scénaristique aurait été la bienvenue pour nous éviter une certaine frustration de lecteur curieux du background de l’histoire.

Dans un ressenti tout à fait personnel, je trouve que l’univers d’Icare est proche de l’univers de Appleseed, sans aucun soupçon de plagiat de ma part étant donné que les histoires sont tout à fait différentes. C’est juste « l’univers » dans lequel se déroule l’action qui offre des similitudes inhérentes au combo « Japon/femme dirigeante/race « inférieure »/opposants au régime ».

Pour conclure, revenons à Jirô Taniguchi, qui nous entraîne dans un album quasiment intégralement noir & blanc où seules trois ou quatre planches sont colorées au tout début de l’ouvrage, dessiné d’un trait résolument typé manga, Icare est à l’opposé de Mon Année.
Opposition logique vu que Icare à été initialement publié au Japon dans un périodique.
Taniguchi à aussi privilégié une ambiance relativement contemplative avec peu de dialogues et beaucoup de grande planches.
Le aficionados du style japonais encore une fois ne seront pas déroutés.

Troisième pas

Passons donc au dernier ouvrage qui je dois l’avoué est mon préféré : Quartier Lointain
Alors on va faire simple, Quartier Lointain est un petit bijou très bien reçu par la critique européenne et récompensé par de nombreux prix (dont « Meilleur scénario » en 2003 à Angoulême) ça vaut ce que ça vaut mais pour une fois que je suis d’accord avec eux, je ne vais pas bouder mon plaisir :)

Commençons par les infos pratiques habituelles, Quartier Lointain est un petit format 18×24 de 406 planches en pagination occidentale aux éditions Casterman. Contrairement aux deux autres productions présentées, c’est un album réalisé à 100% par Jirô Taniguchi.

Couverture de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Etonnamment, cet album commence aussi par une demi-douzaine de planches couleur avant de basculer en noir & blanc intégral.
Des trois, c’est à mon avis le plus intimiste, celui où Taniguchi a mis le plus de lui même.
Imaginez un instant qu’un matin vous vous réveilliez en ayant 14 ans, mais dans la peau de vos 14 ans : même endroit, même parents, même école…
Bref un voyage dans le passé mais avec votre vécu d’adulte, vos cicatrices secrètes, vos regrets !
Comment géreriez-vous, ce qui pourrait être une nouvelle chance de tout changer, y compris votre avenir !?

C’est à cet exercice risqué que nous sommes confronté dans Quartier Lointain

Hiroshi Nakahara prend le train pour rentrer chez lui après une soirée trop arrosée, un penchant alcoolique récurrent chez lui. au bout de quelques kilomètres il se rend compte qu’il n’est pas dans le Shinkansen pour Tokyo mais dans le train pour Kurayoshi, sa ville natale, dans laquelle il n’était pas retourné depuis le décès de sa mère quand elle avait 48 ans, l’âge d’Hiroshi aujourd’hui.

Arrivé à la gare, constatant que plusieurs heures le sépare du train qui le ramènerait chez lui, il décide de se rendre sur la tombe de sa mère. Arrivé au temple Genzen, il s’agenouille devant la tombe et prie. Soudain, il se réveille au même endroit, se serait-il endormi ?
Mais bien vite Hiroshi se rends compte que son centre de gravité, son poids, ses sensation ne sont plus les même et qu’il est vêtu d’un costume d’écolier !
C’est là que commence son aventure, notre héros se rends compte bien rapidement et à sa grande stupeur qu’il est revenu à l’été de ses 14 ans.
Été au cours duquel son père était disparu sans laisser de trace.
Qu’elle va donc être sa vie à partir de cet instant ? que va-t’il devenir ? Comment va-t’il gérer l’approche de la date fatidique où son père va disparaître ?
Vous désirez le savoir !?
Courrez donc vous procurer cet album, je n’en dirai pas plus !!
Mais comme j’aime bien vous mettre l’eau à la bouche, et que j’aime aussi que vous vous fassiez votre propre idée, voyez quelques extraits :

L’intérêt d’avoir déjà vécu cette vie : Savoir où les copains planquent leur whisky…
Planche 131 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Pouvoir dire à ceux qu’on aime ce que l’on a gardé 34 ans sur le cœur
Planche 349 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Prendre la mesure de son impuissance
Planche 360 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Au-delà de ça, se posent encore d’autres questions : Hiroshi est-il bloqué dans son corps d’avant sans possibilité de retour à sa vie présente ?
Qu’adviendra-t’il de sa femme et de ses deux filles qu’il a laissé dans un futur qu’il risque de modifier par ses actes présents ?

Et vous, si vous aviez une chance de rejouer votre vie… que feriez vous ?

Moi j’ai adoré Quartier Lointain, à tel point que je pense me procurer très prochainement K et le Sommet des Dieux deux autres productions de Jirô Taniguchi, qui vient de faire une entrée fracassante dans ma bibliothèque !

…Voilà, je viens de mettre un point final à un article commencé le 5 février.
Et oui, après une si longue absence, il fallait au moins un mur de texte pour me faire pardonner n’est-ce pas ? :)

Magnitude 9 – des images pour le Japon

Il y a quelques temps, je vous avait parlé de cet ouvrage alors en projet.

Aujourd’hui Magnitude 9 est sorti, c’est l’occasion de vous le présenter et de donner le goût à ceux qui n’aurait pas encore franchi le pas de le commander sur le site de l’éditeur.
Donc je l’ai reçu hier dans ma boîte à lettres, ma première surprise a été le poids de l’ouvrage, une fois déballé j’ai compris pourquoi : 250x290mm, couverture cartonnée, 256 pages : un bel album !

Une fois ouvert, l’impression ne se dément pas, un beau papier bouffant et une charte sobre et épurée qui convient bien au sujet. Les illustrations sont tous simplement magnifiques, certaines sont émouvantes d’autres intelligentes mais rares sont celles qui m’ont laissé indifférent.
Les contributeurs sont, Français, Belges, Italiens, Espagnols, Japonais, Chinois…
Certains sont des grands noms de la BD d’autres de simples acteurs de la blogosphère mais le résultat est vraiment d’une grande qualité (comme la plupart des production cfsl).

Mais assez bavardé, place aux images !
Je vous retrouve à la fin pour quelques infos pécunières.

Couverture Magnitude 9
© Martine Fa – CFSL INK 2011

Extrait Magnitude 9
© Marko – CFSL INK 2011

Extrait Magnitude 9
© Roberto Ricci – CFSL INK 2011

Extrait Magnitude 9
© Louise Joor – CFSL INK 2011

Extrait Magnitude 9
© Luby – CFSL INK – 2011

Nota : Contrairement à la charte graphique habituelle de Bédéphagie, les planches sont serties d’un liseré gris pour bien les délimiter et éviter qu’elle ne « flottent » dans le billet.

Une action caritative qu’elle quelle soit n’a généralement qu’un seul but : rassembler des fonds; c’est caricatural mais pas entièrement faux. Donc en dernière page voilà quelques infos qui vous permettront de voir que ce genre d’initiatives ne sont pas vaines :

Ventes aux enchères des œuvres originales à la Galerie Arludik le 30 avril 2011 : 31 550€ c’est une goutte d’eau dans l’océan qui a dévasté le Japon, mais une goutte d’eau, plus une goutte d’eau, plus une goutte d’eau… je ne vous fait pas un dessin, il y en a plein l’ouvrage que je vous recommande ! ;)
En ce qui concerne Magnitude 9, tous les bénéfices seront reversés à des associations locales pour aider à la reconstruction, donc chaque album acheté est une « brique » pour reconstruire le pays !
à vot’bon cœur m’sieur dames ! :)

Édition du mercredi 9 septembre : Au chapitre des petits plaisirs, cette pages à été visionnée 20 fois aujourd’hui et le lien pour commander l’ouvrage a été cliqué deux fois…
Si les deux commandes sont avérées, je n’aurais pas écrit pour rien. :)

BDbuzz pour iPhone

Tous les amateurs de BD sont un jour confrontés au même problème, leur collection d’albums grossi à un rythme plus ou moins régulier et il est rare que la tendance s’inverse.
Si cela ne pose pas de réel problème pour les collections structurées avec des séries achetées neuves et complétées au fur et à mesure des parutions, ce n’est pas le cas pour des collections plus opportunistes de chineurs qui complètent leur collections au gré des brocantes, vide greniers, magasins d’occasions…
En effet les achats étant effectués au coup par coup, les séries de votre collection constituées de cette manière comporte de nombreux « trous ».
Comment se souvenir d’une fois sur l’autre quels albums vous manquent ?

Faisant partie de cette seconde catégorie de collectionneurs, je me suis souvent retrouver à laisser passer une occasion ou parfois pour ne pas rater une « bonne affaire » rentrer et me rendre compte que je possédais déjà l’album, vive les doublons !
C’est le jeu bien entendu, mais si il y a moyen d’optimiser et d’économiser quelques piécettes durement gagnées, il ne faut pas s’en priver.
Comme je n’avais pas envie de me promener avec un listing de l’intégralité de mes albums, je me suis tourné vers une solution sympa que je vous expose derechef : BDbuzz

Disponible pour iPhone et smartphones Androïd, BDbuzz est une application gratuite qui vous rendra bien des services, à condition de bien l’utiliser !

Parenthèse : J’ai installé BDbuzz en janvier et suite à une mauvaise utilisation de ma part j’ai perdu toute mes données, maintenant je dois tout recommencer, je vous expliquerai comment ne pas faire la même erreur. fin de la parenthèse.

Comme d’habitude nous allons voir ça en images.
L’application est relativement bien foutue, de facture classique avec un champs recherche en haut et des rubriques en bas, personne ne devrait être perdu.

Voyons les rubriques de plus près et commençons donc par ma Collection :


Comme son nom l’indique, c’est l’onglet où vous retrouverez toutes vos BD, mais aussi les albums numériques si vous en téléchargez, une wishlists qui vous permettra de vous souvenir des albums que vous souhaitez en priorité, et un astucieux gestionnaire de prêts qui vous mettra sur la piste de l’affreux rabouin qui vous aura taxé votre EO préférée il y a six mois, entre autres.

Si vous sélectionnez « tous vos albums », vous pourrez au choix, voir votre collection sous forme de liste d’albums avec visuels des couvertures, mais aussi faire des recherches par séries ou par auteurs.

Pour moi c’est le cœur de l’application puisque c’est pour avoir cette liste que je l’ai choisie, mais elle recèle d’autre fonctions qui peuvent intéresser les bédéphiles que nous sommes.

Prenons par exemple la rubrique le Buzz :
Cet onglet qui reprend le nom de l’app, vous permettra d’être au courant des dernières sorties, tendances, de voir des chroniques d’albums, bref… d’être au fait de l’actualité BD !

Intéressons-nous maintenant à l’onglet la Librairie, vu que c’est celui qui permet d’accéder à l’énormissime et incontournable base de données BDgest’
Et oui, BDbuzz à obtenu l’autorisation d’exploiter ce qui doit être une des bases de données les plus exhaustives du monde de la BD francophone, c’est un gage de sérieux et de qualité non ?

Vous-pouvez-donc chercher un album par série, titre, auteur, genre et choisir de l’ajouter à votre collection, de l’ajouter à votre wishlist, de l’acheter ou de le partager sur votre mur Facebook.
Vous noterez également que ceux déjà présent dans votre collection sont cochés, ce qui est assez pratique pour repérer d’un coup d’oeil les albums manquants.

L’onglet BD numérique intéressera plus les globe-trotters et les adeptes du « dématérialisé », ici vous pourrez vous offrir moults nouveautés parues en édition numérique.
J’avoue que c’est l’onglet qui m’intéresse le moins, mais comme tout le monde n’est pas moi, je dois le présenter aussi ! :)

Et enfin l’onglet Infos… Curieux nom pour la section permettant le paramétrage de l’app, mais ne nous formalisons pas et voyons plutôt ce qu’elle nous offre :

Le compte BDbuzz permet de participer au forum sur le site, d’acheter des albums, et d’obtenir des news… passons
Vous avez la possibilité de désactiver le choix papier/numérique au moment du remplissage de votre collection, personnellement ça m’arrange, ça évite les erreurs de manipulation.
Le choix de l’onglet de démarrage : pas besoin de précisions supplémentaires je pense !
Nous approchons maintenant de l’option la plus douloureuse (pour moi) vous avez la possibilité de sauvegarder et de restaurer la collection et ça.. c’est bien !
J’en ai fait la douloureuse expérience quand j’ai perdu l’intégralité de la collection que j’avais patiemment rentré en janvier ! ça a été tellement cruel comme expérience personnelle, que je n’ai pas recommencé à rentrer mes albums avant hier soir… si si..
Par contre l’app a dû connaître des mises à jour depuis janvier, parce que je ne me souvenais pas de la présence de cette option si utile.

Donc, deux ou trois conseils pour vous éviter les même mésaventures
Cliquer sur le bouton sauvegarder bien entendu !
L’app crée en interne un backup (daté du jour de sauvegarde, c’est important pour la suite) de votre base.
C’est bien. Lorsque vous synchronisez votre appareil (ici en l’occurrence un iPhone) vous avez la possibilité de récupérer ce fichier et de le mettre en sûreté, faites-le !


Par contre, si vous êtes un peu à l’étroit dans votre téléphone, c’est mon cas, je vous conseille de supprimer la sauvegarde de votre iDevice après l’avoir copié.
Comme vous pouvez le constater le backup fait 4,6 Mo pour 46 albums, donc on peut considérer qu’avec une collec de 1 000 albums, la sauvegarde atteindra allègrement les 100 Mo, c’est pas négligeable.
Surtout si vous devenez parano et sauvegardez après chaque mise à jour de votre collec, vous allez multiplier les fichiers de sauvegarde !

Voilà, je pense avoir fait le tour, au final c’est une application très agréable à qui il manque juste la possibilité de sélectionner d’un coup de multiples albums et la gestion des doublons pour être parfaite !

Les plus de bdBuzz
- Simple
- Gratuit
- Consultable sans connexion internet
- Communauté réactive
- Gestion des prêts

Les moins de bdBuzz
- Si vous êtes du genre collectionneur compulsif, avec plusieurs éditions du meme ouvrage (EO, TT, TL…) que vous aimez connaitre la cote de vos BD ou la valeur de votre collection complète, passez votre chemin et rabattez vous sur une application plus en phase avec vos besoins (je chercherai et vous en présenterai une si je trouve la perle rare).
- Gestion des doublons perfectible

EDITION – 02 SEPTEMBRE 2011

Un petit edit pour signaler que :
1- Contrairement à mes affirmations, il existe une méthode pour faire une sélection multiple sur BDbuzz : elle se trouve en haut à droite dans la partie librairie (bouton représentant une flêche), en cliquant dessus, on peut ajouter tous les albums d’une série très rapidement (un seul clic par album suffit) sans avoir besoin d’ouvrir la fiche descriptive de chaque album et de revenir.
2- Alex qui répond sur le Forum de BDbuzz.net est très réactif et j’ai pu avoir des réponses à quelques interrogations en moins de 24h, ce qui est plutôt sympathique.

La Licorne

Avant Galilée (1564-1642), la terre était plate, et l’univers tournait autour. Toute autres considérations sur une planète sphérique, un système solaire ou la théorie de la gravité vous eut valu le bûcher pour hérésie, sans omettre le douloureux passage par la question préparatoire puis la question préalable !
Et si… et si la terre avait été réellement plate ?
Et que suite à des modifications d’ordre métaphysique elle était devenu ronde petit à petit au cours de la renaissance ?
Un peu barré comme concept non ?

Bien, alors comme une planète plate qui se métamorphose est un concept un peu trop gros, appliquons ce principe à l’être humain, mais l’être humain dans sa physiologie profonde.
Au moyen-âge, point d’autopsie réprouvée par l’église, point de microbes non plus, Louis Pasteur ne naîtra qu’en 1822.
Au moyen-âge donc, le corps humain est considéré comme constitué principalement de quatre humeurs différentes : le sang, la bile, l’atrabile et le phlegme ; la maladie proviendrait d’un déséquilibre entre ces dernières; « les sautes d’humeur » viennent aussi de là.
Et si… et si le corps avait été effectivement composé d’humeurs et que suite à des manipulations génétiques doublées d’un peu d’évolution darwiniste nos corps c’étaient peu à peu métamorphosés pour devenir ceux que nous connaissons aujourd’hui ?
Toujours un peu barré comme concept mais plus plausible…
Suffisamment acceptable en tout cas pour en faire un scénario épique et moderne de Bande-Dessinée, j’ai nommé : La Licorne de Mathieu Gabella et Anthony Jean aux éditions Delcourt !

Difficile de mettre La Licorne dans une case pré-formatée, ce n’est pas vraiment du « capes et épées », c’est trop récent pour être du médiéval fantastique et trop vieux pour être du steampunk. Il faudrait presque inventer une case spéciale, genre « Historic Fantasy ».
J’ai découvert La Licorne il y a à peu près deux ans, lors d’une petite rencontre entre Yiunautes du coté de Saint-Germain. Nous échangions nos sentiments sur quelques albums marquants quand Lordstone c’est mis à me faire la promo de cette série, faut croire qu’il a été convainquant, puisque je suis rentré chez moi avec l’album sous le bras et que depuis j’ai investi dans les suivants !

Pour info, trois albums sont déjà parus, et le quatrième et dernier tome (62 planches) ne devrait plus tarder.

Couv La Licorne T1
Tome 1 – Le Dernier Temple d’Asclépios
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
Couv La Licorne T2
Tome 2 – Ad Naturam
© Gabella – Jean – Delcourt 2008
Couv La Licorne T3
Tome 3 – Les Eaux Noires de Venise
© Gabella – Jean – Delcourt 2009

On va pas donner dans le résumé exhaustif ni dans l’analyse poussée du dessin, des tas de sites le font mieux que moi et ce n’est pas mon but, mais si je peux contribuer à vous donner envie de commencer la série, je m’estimerai amplement satisfait, le bonheur est dans le partage.
Comme on ne juge pas un livre à sa couverture voici dans l’ordre, trois planches tirées de chacun des tomes paru, vous pourrez y admirer la qualité du dessin et constater que cette qualité perdure d’album en album, ce qui n’est pas toujours le cas dans la production BD actuelle malheureusement.
J’ai choisi ces planches avec soins pour vous dévoiler très succinctement le scénario de façon visuelle.

planche La Licorne T1
Tome 1 – Le Dernier Temple d’Asclépios
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
planche La Licorne T2
Tome 2 – Ad Naturam
© Gabella – Jean – Delcourt 2008
planche La Licorne T3
Tome 3 – Les Eaux Noires de Venise
© Gabella – Jean – Delcourt 2009

Avertissement : à partir de ce point, on peut parler de SPOIL.

Paris XVIe siècle, Ambroise Paré chirurgien peu orthodoxe puisque formé à la dure sur les champs de bataille royaux, pratique une médecine « moderne », aujourd’hui on dirait invasive, pour cela il est méprisé par les médecins « académiques » qui voient en lui, au mieux un barbier (sa formation initiale), au pire un boucher, en tout cas un ignare indigne de la Faculté qui ne connaît même pas le latin. Pour être honnête, ce mépris est réciproque, Paré n’est guère enthousiasmé par la médecine « astrologique » et ne tient pas en haute estime ses collègues de la Faculté de médecine qu’il considère comme des charlatans passéistes.

Toujours est-il que quand des anatomistes de renom commencent à mourir dans d’étranges circonstances, circonstances d’autant plus étrange que certain d’entre-eux sont déjà sensés être morts depuis plusieurs années, Ambroise Paré se retrouve malgré lui aspiré dans la tourmente d’une conspiration internationale où les deux factions, les Asclépiades et l’Église, s’affrontent dans une guerre manichéenne.
Les uns pour obtenir la suprématie sur l’espèce à l’aide d’une des premières armes bactériologiques a grande échelle, les autres pour sauver les primordiaux et l’espèce humaine de cette menace.

Ah oui.. vous avez noté ? j’ai utilisé le terme « les primordiaux », kesako les primordiaux me direz-vous ?
Le primordiaux vous les connaissez sans aucun doute, il hantent nos légendes : Centaures, Vouivres, Sirènes, Dragons, Hydres, Manticores
Ils sont aussi vieux que l’humanité, peut être plus vieux même. Leur anatomie est semblable à celle des premiers humains, régie par les humeurs, sauf qu’au moment ou Paré intervient dans l’histoire, les primordiaux sont en voie de disparition, en effet une espèce ne peut survivre sans l’autre et malheureusement comme l’espèce humaine mute, les primordiaux s’éteignent.
Les Asclépiades, société secrète de médecins tenants de l’anciennes médecine « humeur + astrologie », démontrent à Ambroise Paré que quelqu’un, non seulement joue avec l’anatomie humaine, mais en plus créé un virus à partir du venin de l’hydre : la vermine, capable de décimer tous les primordiaux et de déclencher une pandémie chez les humains.
Le salut ne peut venir que d’un primordial : La Licorne.

La Licorne conte donc leurs aventures, de France au nouveau monde en passant par Venise…

Bien entendu comme dans tous les bons romans épiques nous avons les ingrédients nécessaires à une intrigue trépidante : Médecins influents, légendes vivantes (Nostradamus ou Léonard de Vinci), sociétés secrètes, méchants très très méchants, agent double, traîtres, pontifs retors, courses poursuites, combats, sex… ah non, pas de sexe… Comme quoi une bimbo à gros seins n’est pas toujours indispensable à la qualité d’un récit !

Pour les amateurs d’albums « avec bonus », notez que les tomes 2 et 3 en première édition sont fournis avec un cahier graphique de 8 pages. Je n’ai malheureusement que le tome 3 en première édition, mais ça me permet de vous en montrer deux extraits de belle facture :

Cahier La Licorne T3
Tome 3 – Cahier exclusif première édition
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
Cahier La Licorne T3
Tome 3 – Cahier exclusif première édition
© Gabella – Jean – Delcourt 2008

Vous aimez les belles intrigues n’hésitez-plus, foncez vous offrir La Licorne !

Guédelon 2077-2011

Comme promis voici un rapide retour sur une demie décennie de travaux en quelque images :


2007
Guedelon 2007
vue d’ensemble – © Badiuth 2007
2011
Guedelon 2011
vue d’ensemble – © Badiuth 2011



la vue d’ensemble 2011 a été faite au portable désolé…
(j’ai été en dessous de tout pour les photos cette année !)


2007
Guedelon 2007
Mur d’enceinte – © Badiuth 2007
2011
Guedelon 2011
Mur d’enceinte – © Badiuth 2011



2007
Guedelon 2007
Tour d’angle – © Badiuth 2007
2011
Guedelon 2011
Tour d’angle – © Badiuth 2011


Ce billet a été sponsorisé par le M.S.A.B (Mouvement de Soutien aux Architectes Bloggueuses) ;)

Guedelon, le moyen âge en live

Guedelon 2011

Je n’étais pas revenu à Guedelon depuis 2007 et ma foi, il faut bien admettre qu’en cinq ans ils ont réellement avancé, c’est impressionnant !

Guedelon 2011 panoramique
© Badiuth 2011

Je ne vais pas revenir sur l’aventure Guedelon, son historique et son but; leur site web est tres bien fait pour ça et je vous encourage à y faire un petit détour.
Mais un petit aperçu du chantier en temps réel devrait combler les plus curieux d’entre vous.

Cordier, vannier, forgeron, potier, tailleur de pierre, tuilier… Tous les corps de métier sont présents dans ce projet un peu dingue mais tellement incroyable qu’il en devient grandiose.

Donc comme Bédéphagie est avant tous un blog pour le plaisir des yeux, allons-y en images.
Petite précision, le format « étrange » des images est dû au matériel utilisé : petit camescope 16/9e HD, pas vraiment un appareil photo mais très compact, étanche et antichoc ce qui en fait un petit bloc note à images fun et pratique :)

Guedelon 2011
Fabrication du plancher de la aula – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
Fabrication des tuiles du château, 100 000 seront nécessaires au final – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
Fabrication des cordages nécessaires au chantier – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
Equarrissage des poutres – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
Le Vannier fabrique tous les paniers du chantier, ceux nécessaire au transport de la chaux entre autres – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
La forge ou sont fabriqués outils et ferronnerie du château – © Badiuth 2011

Et toc ! je me rends compte que je n’ai pas pris en photo les tailleurs de pierre…. bravo l’orc !

Guedelon 2011
Les « cages à écureuils » sont les grues médiévale – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
échafaudages en bois – © Badiuth 2011

quelques tires-fond modernes ça et là, sont les seules concessions aux impératifs de sécurité moderne

Guedelon 2011
Le logis seigneurial – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
La aula, pièce de réception du château – © Badiuth 2011

Notez la très belle fenêtre à coussièges au fond.

Guedelon 2011
Le rez-de-chaussée du logis seigneurial – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
La tour d’angle – © Badiuth 2011

Guedelon 2011
Le chemin de ronde couvert – © Badiuth 2011

Voilà pour ce petit tour en image d’un tour de force « à l’ancienne ».
Pour être vraiment exhaustif, il aurait fallu que je vous montre aussi les magnifique voutes à croisée d’ogives, les tailleurs de pierre en action, la margelle du puis, en environ 10 000 autres détails architecturaux qui font la beauté de ce chantier médiéval.
Mais, si je vous en montre trop, il ne sera plus nécessaire que vous vous déplaciez, et ce n’est pas le but !
Mon ambition est seulement de vous donnez l’envie de visiter ce lieu hors du temps et que vous y ressentiez le plaisir et l’énergie positive qui s’en dégage.
Je compte bien retourner à Guédelon pas avant trois ans certainement, dans cinq ans maximum. Et je ne doute pas que l’avancée du chantier sera encore une fois spectaculaire !

toutes les photos ont été prises lors de ma visite du 17 avril 2011

Lachapelle vu par le Bédéphage

Avant d’entamer la rédaction de ce billet, je tiens à faire une petite mise au point : l’Art est subjectif, les goûts sont propres à chacun, suivant son vécu, ses émotions, ses expériences, sa religion, sa culture, son ressenti face aux œuvres présentées. Certaine œuvres pouvant plaire à l’un seront douloureuse ou intolérable pour l’autre. Le pire étant sans doute l’indifférence.
Quand dans Bédéphagie je parlerai d’Art, Sculpture, Photo, Peinture… La signification et le sens que je donnerai aux œuvres n’engageront que moi et ne seront le reflet que de ma propre analyse.
Il faudrait être d’une prétention sans bornes pour s’arroger le droit d’interpréter ce qu’a voulu dire ou transmettre l’artiste. À moins sans doute, que ce dernier ce soit déjà exprimé a ce sujet, d’être l’artiste en question, ou de posséder une culture artistique et historique globale ce qui est loin d’être mon cas (et celui d’environ 98% de la population).
Les choses étant claires, entrons dans le vif du sujet !

J’ai découvert l’œuvre de David Lachapelle assez récemment je dois l’avouer, au hasard des pages d’un magazine négligemment feuilleté dans une salle d’attente quelconque. Une photo qui m’attire l’œil, c’est vif, coloré, iconoclaste, ça me plait ! Un entrfilet indique qu’il est question d’un certain David Lachapelle et d’une expo qui doit avoir lieu à la Monnaie de Paris, pour une fois, j’ai de la chance, le magazine en question n’a pas six mois et l’expo à bien lieu du 6 février au 31 mai 2009 (oui j’ai dit que c’était récent mais j’ai omis de préciser que c’était il y a deux ans…). Quelques jours plus tard, je me rends donc à la Monnaie de Paris.
Passées la première salle présentant des travaux en 3D qui ne me plaisaient pas je prends une grande claque !
(je travaille dans le domaine de la PLV, du coup j’ai tendance à décortiquer la façon dont sont fabriquées ce genre de « sculptures en images » et j’ai du mal à y trouver un intérêt.)
Passé cette salle donc, nous sommes accueillis par une Piéta immense, un Christ junkie sur les genoux, un enfant innocent et facétieux aux pieds, des couleurs chaudes une composition stricte des symboles dans tous les coins, pas de doute, si le reste est de cet acabit je vais adhérer…. et j’ai adhéré !
Oh ! un détail… la Madonne c’était Courtney Love, son visage me disait bien quelque chose, mais sans le cartel à coté de l’œuvre, j’aurais bien été en peine de l’identifier formellement.

Parce-que David Lachapelle c’est aussi ça, un photographe de Stars, ne cherchez pas, ils sont tous passés devant son objectif, sportifs, starlettes, superstars internationales, politiques…
Vous ne me croyez pas ?
Alors je vous glisse quelques noms : Amanda Lepore, David Bowie, Paris Hilton, Michaël Jackson, Hillary Clinton, Elton John, Pamela Anderson, Mohamed Ali, Angelina Jolie, Puff Daddy, Justin Timberlake, Dolly Parton, David Beckham, Leonardo Di Caprio… Bref David Lachapelle c’est un peu le Nadar du XXIe siècle.
La comparaison avec Nadar s’arrête là, la plupart des travaux sont des « commandes » pour Vogue, Vanity Fair, Rolling Stones, Playboy ou le New York Times. Loin des portraits académiques de son prédécesseur, Lachapelle fait dans la mise en scène, la construction, rien n’est laissé au hasard, le plus petit détail compte.

Un exemple : Son portrait le plus « conventionnel » est sans doute celui d’Hillary Clinton, l’ancienne première dame est debout derrière un bureau, tout est convenable, presque strict, la parfaite photo de campagne, le cadrage, sa tenue, les photos sur le mur derrière elle, et sur le bureau…. le détail qui fait la différence : la pomme pourrie, véreuse.

Michaël Jackson
Michaël Jackson
© David Lachapelle
Anna Nicole Smith
Anna Nicole Smith
© David Lachapelle
Paris Hilton
Paris Hilton
© David Lachapelle



Cependant, il serait réducteur de réduire David Lachapelle à un photographe de mode, aussi talentueux soit-il, en parallèle de ces activités l’artiste se livre à des expériences plus personnelles comme les séries, Déluges, Jesus is my Homeboy, Disasters, Drunk Americans
Prenons l’exemple de cette œuvre de la série Déluge, j’aime beaucoup cette image qui était présente à la Monnaie de Paris et et que j’ai eu la chance de revoir le mois dernier à Art-Paris.

Le Déluge
© David Lachapelle

Cette œuvre concentre tout le talent et la démesure de David Lachapelle, imaginez que cette image a été réalisée en studio, et qu’elle ne fait l’objet d’aucun traitement ultérieur sous Photoshop comme la majorité des œuvres de l’artiste, et vous saisirez alors une infime parcelle de la quantité de travail démesurée demandée par la réalisation de ce visuel.
Je regrette de ne pas avoir trouvé de visuel plus grand que celui-ci à vous montrer, mais en cliquant dessus vous devriez avoir une vision un peu plus précise du tableau, oui je considère qu’en parvenant à ce niveau de composition l’on peut parler de tableau.
Tous les symboles y sont : enseignes de luxe, de grande distribution, temple de l’argent facile ou de la ruine, les symboles de la consommations moderne, caddies, voitures, les gens, jeunes, vieux, gros, maigres, tous tentant de survivre en sauvant ce qui leur est le plus cher, portable, nourriture, bonbons… Le tout sur les ruines noyées d’une civilisation moderne.
c’est une photo mais les attitudes sont figées, posées, comme sur les tableaux de la renaissance ou les personnages paraissaient comme statufiés pour l’éternité. ce détail déshumanise la photo et contribue à la rendre intemporelle, à s’en détacher pour l’observer avec recul (il en faut du recul, l’original doit bien faire dans les 3 mètres de large !)

Une autre série basée sur la religion est intéressante : Jesus is my Homeboy

Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle
Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle
Jesus is my Homeboy
© David Lachapelle



Bon, j’ai un anglais assez catastrophique et après quelques recherches sur le Net on pourrait à priori traduire « Homeboy » par : « de mon quartier », « mon ami », « de mon gang », personnellement si je devais le traduire dans un sens compréhensible pour nous autres franchouillards en conservant le petit coté humoristique que je ressens dans ce titre, je pencherais pour « Jésus est mon Coloc’ ».
Dans cette série dont vous pouvez admirer quelques extrait ci-dessus, un bel éphèbe christique nimbé d’une lumière sacrée se ballade au milieu d’une Amérique des quartiers, et c’est tour à tour Marie-Madeleine qui lui lave les pieds, encore Marie-Madeleine à qui il le non-pécheur doit jeter la première pierre, la Cène avec ses apôtres à casquette tatoués qui défilent sous nos yeux.
Toujours avec cette saturation dans les couleurs qui se retrouve quasiment dans toute les créations de Lachapelle (excepté peut-être la série « drunk americans »), cette richesses des détails et cette précision de la pose des modèles.

Je me rends compte en me relisant que les deux séries mises en avant ont des « connotations religieuses », je me dois donc de préciser que c’est loin d’être le cas de toute l’œuvre de David Lachapelle, il y a aussi des série plus trash, justes décalées, sexy (j’ai vu sur le web des gens parler de pornographie, je ne partage pas cet avis), amusantes ou plus graves.

Alors pourquoi subitement l’envie me prends de vous parler comme ça de David Lachapelle deux ans après avoir vu une expo ?
En fait il y a un ou deux mois, lors du sortie du coté de Saint-Germain, je suis passé à la boutique Taschen que je vous recommande chaudement si vous aimez les livres d’art à prix abordable. Bien évidemment, je ne peux entrer dans cette boutique sans en sortir avec au moins un livre à la main !
Vous ne tomberez donc pas de votre chaise de surprise quand je vous présenterai cet ouvrage :

Heaven to Hell
© David Lachapelle – Taschen 2010

Oui, C’est bien la Piéta que j’évoquais en début d’article qui sert de couverture à cet ouvrage ! :)
Ouvrage d’un prix et d’un format plus que généreux : 352 pages – 25.9 x 33 cm – 29.99€
Si toutefois vous ne parveniez pas à vous offrir cet ouvrage et si comme moi vous appréciez le travail de David Lachapelle, je vous invite à vous rendre sur son site, où vous aurez tout le loisir d’admirer son travail quasiment en temps réel et gratuitement !

à noter : Contrairement à mes habitudes l’intégralité des images qui illustrent cet articles sont glanées sur le net à l’exception de celles portant le « © David Lachapelle – Taschen 2011″ qui sont scannées par mes soins sur l’ouvrage Heaven to Hell, ceci s’explique par le fait que la plupart des images de ce magnifique livre sont en « double pages » rendant un scan de qualité impossible.

Opération Soleil de Plomb

Les plus anciens d’entre-vous se souviendront peut-être de Block 109 que j’avais évoqué ici l’an dernier.
Depuis, on peut dire que Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat n’ont pas chômé : Deux nouveaux albums édités et deux en préparation !
Je vais passer rapidement sur Etoile Rouge qui personnellement m’avait laissé plutôt froid, mais par contre je vous invite chaleureusement à vous arrêter un instant, voir un long moment, sur Opération Soleil de Plomb !

soleil de plomb
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

*ATTENTION SPOIL*
L’action prend place quelques années avant Block 109 au Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo), les allemands y sont confrontés à une résistance acharnée et quasi invisible.
D’après les services de renseignement nazis, les rebelles sont dirigés par le Général Leclerc, un officier français ayant rassemblé des troupes de diverses nationalités dans le but de nuire à l’extraction industrialisée d’uranium et autres minerais nécessaires à l’effort de guerre allemand.
Malgré l’importance stratégique de ces ressources, le Reich ne veut pas dégarnir le front européen où ils s’enlise face à l’armée rouge.
Le gouvernement allemand décide de faire d’une pierre deux coups et confie la mission aux légions pénales, le rebut de la Wehrmacht : brutes, opposants politiques, officiers rebelles…. Ainsi le « problème congolais » peut être réglé efficacement avec des pertes humaines sans importance pour le Reich.
À noter que dans les effectifs de cette légion nous ferons connaissance avec le Sergent Schell/Steiner que nous retrouverons dans Block 109.
Rapidement ces troupes vont être confrontées à la spécificité du terrain, à l’âpreté des combats et à un ennemi qui n’est pas vraiment celui auquel ils s’attendaient…

soleil de plomb
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Petit chef d’œuvre de genre, parsemé de clins d’œil cinématographique : Full Metal Jacket, Apocalypse Now, Alien (celui-là, on me l’a soufflé, il était trop subtil pour que je fasse le rapprochement) Opération Soleil de Plomb mérite une bonne place dans votre bédéthèque.
Que vous soyez fan d’histoire ou de guerre, vous y trouverez votre compte, c’est tout l’intérêt de l’uchronie, que de tordre des événements réel pour en faire un univers « parallèle » mais néanmoins rigoureux.
Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat se prêtent à l’exercice avec brio et je suis impatient de tenir entre mes mains New York 1947 et Ritter Germania les deux prochains opus de ce duo fort sympathique.
Oui ils le sont, pour de vrai, si vous avez un jour l’occasion de les croisez sur un festival, vous pourrez vous en rendre compte par vous même.
Bonne lecture !! ;)

Destins pirates

À bord du Barracuda, dangereux navire pirate, trois destins vont se croiser mais c’est à terre qu’ils vont se jouer.
Maria, Emilio & Raffy, coincés sur l’une des îles les moins fréquentables des Caraïbes : Puerto Blanco.
Vendus, battus, blessés, humiliés ou peut-être aidés, il devront chacun affronter leur destin : pirate, esclave, protégé…
Plongez dans une saga passionnante en lisant ce « Barracuda » tome 1 « Esclaves » de Jean Dufaux et Jérémy. Je dois dire que pour une première collaboration, ces deux là nous ont gâtés.

Barracuda
© Jean Duffaux – Jérémy – Dargaud 2010

On pouvait penser que tout avait été dit sur la piraterie depuis l‘Île au Trésor de R-L Stevenson mais rien n’est moins sûr depuis que sont sortis les trois* tomes de Long John Silver de Dorisson et Lauffray et aujourd’hui ce très prometteur Barracuda !
Tous les codes sont présents, la scène d’abordage en pleine mer, l’île repère de forbans, le trésor maudit et même la sorcière…
Et pourtant ce ne sont pas des poncifs usés jusqu’à la trame, Duffaux utilise un angle original pour dépoussiérer le monde des frères de la cote, la recette fonctionne et on en redemande !

Le dessin de Jérémy est dynamique et structuré, on lui doit par ailleurs la couleur du dernier Murena, ce n’est donc pas un parfait inconnu et je trichais un peu en annonçant une « première » collaboration :)

Barracuda
© Jean Duffaux – Jérémy – Dargaud 2010

Le scanner que j’utilise est horrible, il crame les hautes lumières et ne rend absolument pas grâce aux teintes pastels de la planche, c’est bien dommage. (EDIT : Je me suis battu avec le scanner, ça va beaucoup mieux)
D’ailleurs, pendant que nous sommes dans la couleur, je trouve que les verts utilisés pourraient êtres légèrement plus lumineux, plus contrastés pour rendre la luxuriance de la végétation sur l’île, là, je les trouve un peu enterrés.
j’avoue que c’est un peu subjectif et peut-être qu’une impression ou alors la rémanence d’images mentales de l’époque où je lisait des histoires de pirates, mais le résultat est là : je trouve les verts « fades ».
D’un autre coté, la majeure partie de l’album se passant de nuit, il ne doit y avoir que deux trois planches de concernées, pas de quoi fouetter une Maria… oupss j’ai spoilé ^^

Toujours est-il que si vous avez rêvé sur les traces de Jim Hawkins, vibré aux « Pirates » de Polanski ou tout simplement kiffé les trois volets de « Pirates des Caraïbes » cette série est faites pour vous !
Annoncée en trois volets, l’avantage c’est qu’elle ne devrait pas trop grever votre budget BD, l’inconvénient, c’est qu’au bout de trois albums…
c’est fini !
Décidément Jean Duffaux est sans pitié….

Pas de pitié.
Pour personne.
Jamais.

*Merci Fif