Bulles

Ghouls of Nineveh [copinage inside]

Je suis un boulet, faut s’y faire, c’est comme ça !
Le genre de Boulet qui pré-commande un bouquin, puis oublie qu’il l’a fait.
Le genre de boulet qui se gourre d’adresse en faisant cette fameuse pré-commande.
Du coup, ça donne une scène cocasse au boulot ce matin quand la secrétaire m’apporte « un courrier pour toi, ça vient de chez… Sombre Bizarre Éditions !  »
moi : « Gniihhh ? chai pô skeussai… Passe on va voir » et je remonte vers mon bureau en tâtant cette épaisse enveloppe et en me demandant ce que ça peut bien être…

Un coup de lame de Couteau Suisse plus tard (Clin d’œil appuyé vers mes nouveaux copains)… s’étale sur mon bureau, une BD, un badge « Brutal Corpse Comics », deux marques pages, une carte de visite, et un Ex-Libris numéroté.
Bien évidemment, au vu de la carte de visite, je comprends immédiatement d’où ça vient, mais aussi que je suis un boulet (cf. 3eme phrase de ce billet).

Donc il y a quelques mois, en février pour être précis, je me suis rendu compte que Svart cherchait à publier un ouvrage et en appelait aux dons et pré-commandes.
Svart ayant participé activement à son heure a l’ambiance du Forum Yiu, étant métalleux et auteur de BD, je ne pouvais pas ignorer son appel.

Aujourd’hui Fabrice Gagos aka Svart a trouvé un éditeur et voici donc :

Couverture Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Ne l’ayant que feuilleté, je ne peux vous dévoiler que le pitch officiel, je le lirai plus tard avec toute l’attention nécessaire :

Adam vivote entre son magasin de DVD et son groupe de Death Metal à l’agonie. Dans l’église où se déroule la cérémonie d’enterrement de son beau-père, les reliques d’un saint semblent doté d’un étrange pouvoir qui va réveiller les morts du cimetière…

Pour les planches voilà une double page qui éveillera peut-être votre appétit :

Planche Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Bref, une atmosphère revendiquée de série Z, si vous aimez les trucs « trop Kawaï » passez votre chemin et laissez les fans de Lovecraft en faire leur plaisir.
Et du plaisir j’avoue que j’en ai eu en découvrant aussi la dédicace qui enrichira ma collec de griffouillages personnalisés :

Ma dédicace de Svart
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

Ouuhh le bel undead ! :)
Pour les plus anciens lecteur de Bédéphagie, j’avais déjà une dédicace de Svart pour le petit album Missy que je recommande chaudement.

Et enfin, me voilà gratifié d’un magnifique Ex-libris en série limitée :

Ex-Libris Ghouls of Nineveh
© Fabrice Gagos – Sombre Bizarre 2012

C’est tout pour le moment, j’éditerai le billet dès que j’aurais lu l’ouvrage, donc à suivre ci-dessous !
Je suis un boulet, c’est vrai, mais parfois ça me réserve de bonnes et inattendues surprises !!

EDIT DU LENDEMAIN

J’ai lu ! donc je peux vous en dire un peu plus sur ce Ghouls of Nineveh.
Première chose : c’est à suivre, du coup je suis resté sur ma faim à la fin :)
La « bonne nouvelle » c’est que ce ne sera qu’un dyptique et que le second album verra la fin de l’histoire, nous ne partons pas sur une saga à la Walking Dead donc.
Que dire de la lecture ?
J’ai attaqué gentiment, en essayant de me faire au nouveaux personnages et au dessin faussement simple de Svart.
Le découpage nous fait passer d’un groupe de protagonistes à l’autre, ce qui peut paraître confus, mais se gère finalement très bien, surtout que l’ensemble des personnage (enfin ceux qui survivent) se retrouvent assez rapidement regroupés.
J’avoue ma frustration à la fin de l’album de ne pas connaître la suite surtout que j’i l’impression de l’avoir dévoré, ce qui ma foi est gage de qualité. Où plutôt gage de correspondance avec mes goûts bédéphiles éclectiques !
Certainement pour palier à cette déception, Svart à agrémenté la fin de l’ouvrage par quelques planches pleines pages assez sympa et enfin une double page avec deux personnages qu’on rencontre au début de l’album et qui continuent leurs petites vies mine de rien, à cent lieux de s’imaginer ce que subit leur pote à quelques kilomètres de là, bref un parfait décalage qui m’a fait marrer.
Oui, je suis bon public, oui j’aime aider les jeunes auteurs, et oui : je vous le conseille (sauf si votre truc c’est Sakura la chasseuse de cartes et les menuets en sourdine).

Bon… c’est pas tout ça mais Fabrice… Elle vient cette suite !?

3 pas dans l’univers de Jirô Taniguchi

Enfin un nouveau billet, je sais, je me fais rare et j’avoue sans vergogne que j’en ai un peu honte.
Alors aujourd’hui pour me faire pardonner je vais partager avec vous une découverte très récente pour moi : Jirô Taniguchi. 谷口ジロー

En effet ce week-end j’ai lu trois de ses productions (d’où le titre du billet) et je vais de ce pas vous les faire partager.
L’ordre dans lequel je les aie lu n’est pas important, mais je vais présenter les trois albums dans le même ordre, je trouve que c’est une bonne approche.

Premier pas
Donc j’ai commencé par un album grand format 24×30 de 64 planches paru en 2009 chez Dargaud : Mon Année : Printemps. Initialement prévu en 4 albums la série Mon Année à l’air d’être au point mort et je le regrette, je vais tout de même tenter d’avoir plus de renseignement sur la parution éventuelle du second tome.

Couverture mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

De tout ce que j’ai lu, Printemps est l’album le plus européen de Jirô Taniguchi. À plus d’un titre, premièrement il est scénarisé par Jean David Morvan; ensuite il est paginé en sens de lecture à l’européenne et enfin, l’action se passe en Normandie.
Deux mots sur l’histoire : Capucine est une jeune trisomique, légèrement attardée et qui vit à cheval entre son monde où elle côtoie un ami imaginaire et celui bien réel de ses parents.
Seulement la vie réelle n’est pas si simple et l’intégration d’un enfant handicapé dans notre société s’apparente vite à un parcours du combattant lorsqu’il est question de lui faire suivre un cursus scolaire classique.
JD Morvan nous entraine dans un tourbillon de sentiments contradictoire ou l’amour se heurte à la normalité, où les sentiments doivent se confronter à l’usure façon toile émeri de la vie quotidienne.

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

Extrait mon année
© Morvan – Taniguchi – Dargaud 2009

On oscille entre la compréhension et l’indignation mais ce n’est pas étonnant, les scènes qui sont décrites ici sont bassement humaines et nos petites lâchetés quotidiennes, résonnent en nous quand nous les avons sous les yeux et que nous n’en sommes que spectateurs.
Traité entièrement à l’aquarelle, cet ouvrage prouve s’il en était besoin que Jirô Taniguchi est loin d’être un mangaka classique mais bien un artiste du neuvième art qui maîtrise son outil.
Je suis assez partagé en fait, je vous conseillerai bien de lire cet album, mais la crainte qu’il ne reste sans suite me fais hésiter à vous diriger vers cet achat frustrant.

Petite anecdote : Samedi dernier après l’avoir lu (je rappelle qu’il est sorti en 2009) je me rends à la Fnac Herblay pour trouver le second tome.
Après un rapide tour du rayon BD (qui est loin d’être énorme) et d’infructueuses recherche, je me dirige vers un vendeur déjà accaparé par une demoiselle.
Je patiente puis tends l’oreille… Incroyable ! La jeune fille cherchait exactement le même album que moi !!!
C’est pas un signe qu’il est bon ça !?
Du coup, le pauvre vendeur a fait deux déçus et moi je suis parti avec deux autre Taniguchi sous le bras dont je vais vous parler tout de suite.

Deuxième pas

Le second est aussi une « co-production franco-nippone » et oui Taniguchi n’est pas malchanceux puisque c’est Mœbius en personne qui l’a choisi pour illustrer son scénario !
Pour être tout à fait exact, Jean Annestay est également crédité en tant que co-scénariste, mais son nom est écrit en tout petit, par rapport à Mœbius.

Contrairement à Printemps, cet album est un petit format 20×25 de 284 planches, paginé à la japonaise, si vous êtes totalement déroutés par les mangas publiés en sens de lecture original, passez votre chemin ! :)

Couverture Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Mais venons en au scénario de Icare puisque tel est son titre :

L’action se déroule dans un Japon futuriste et dictatorial ou les hommes au pieds de verre (issus de fécondation in vitro) essaient de renverser le gouvernement en place, par des actions terroristes violentes.
Durant une de ces vagues d’attentats, un enfants naît dans un hôpital. À peine sorti de la matrice maternelle, le bébé se met à flotter dans les airs naturellement.
Bien entendu un tel prodige intéresse fortement le gouvernement qui imagine tout de suite les retombées martiales possibles si il parvenait à découvrir et à dupliquer le secret du vol pour en faire bénéficier ses troupes.

Planche 37 IcarePlanche 38 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Le garçon est donc retiré à sa mère et mis au secret dans un centre qui lui est entièrement dédié, au passage, on le baptise Icare puisque ses capacités lui permette de réaliser naturellement le plus vieux rêve de l’homme : voler !
C’est donc totalement isolé du monde extérieur que Icare grandira et développera son formidables talent.
Objet d’expériences quotidienne, ne connaissant de la vie rien d’autre que ce quotidien où toute trace d’humanité semble absente.

Planche 53 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Icare sera-t’il éternellement le jouet docile de l’état ?
Comme dans tout scénario qui se respecte, bien entendu, un grain de sable viendra gripper la machine trop bien huilée du gouvernement.
Un grain de sable prénommé Yukiko, un très joli grain de sable qui plaît énormément à Icare.
Et oui, on peut être un garçon volant et avoir des hormones en parfait état de fonctionnement non ? :)

Planche 280 Icare
© Mœbius – Annestay – Taniguchi – Kana 2010

Pas question pour moi de spolier plus cet album, mais intéressons nous à la forme, le scénario de Mœbius est assez succinct, disons succinct dans cette forme là, nous y reviendrons.
En effet l’édition que j’ai acquise est enrichie d’un carnet de croquis de Taniguchi mais aussi d’un interview de 12 page de Mœbius. Passons rapidement sur le carnet de crayonnés, qui sincèrement n’est pas des plus intéressant (et pourtant vous savez combien je suis friand des sketchbooks !).
Intéressons nous plutôt à l’interview. Entretien que, il va sans le dire, vous ne lisez qu’une fois l’album terminé.
Et là… Si vous partagez mes goûts, vous remerciez/bénissez Jirô Taniguchi.

Mœbius explique au fil de ces quelques pages d’entretien sa vision de l’univers d’Icare, son scénario original aurait couvert de nombreux albums si il était paru tel quel. On peut regretter une telle purge de l’histoire, ça a été mon premier sentiment, mais à la lecture des pistes retenues à l’origine, j’avoue avoir été rassuré des nombreuses amputations commises sur le scénario.
Par exemple, vous avez échappé à une scène plutôt sado-maso avec scatophilie voir même scatophagie… Beuark ! Il reste une scène saphique dans Icare mais relativement soft même si elle n’apporte rien à l’histoire proprement dite. Entre parenthèses, dans cette scène on peut apercevoir des poils pubiens, preuve s’il en est que Taniguchi s’européanise.

À contrario, on peut regretter une fin « en queue de poisson » ne laissant aucune place au développement de l’intrigue sur les « hommes éprouvettes », ce point du scénario manque de profondeur et pourrait presque être passé à la trappe et remplacé par un élément qui n’appelle pas de curiosité particulière de la part du lecteur.
Un état expansionniste et belliciste cherchant juste une nouvelle arme pour assouvir ses fantasmes guerrier par exemple.
Par-contre je ne sais pas comment il aurait été accueilli au Japon, la seconde guerre mondiale et ses cicatrices ne sont pas si loin. Toujours est-il qu’une pirouette scénaristique aurait été la bienvenue pour nous éviter une certaine frustration de lecteur curieux du background de l’histoire.

Dans un ressenti tout à fait personnel, je trouve que l’univers d’Icare est proche de l’univers de Appleseed, sans aucun soupçon de plagiat de ma part étant donné que les histoires sont tout à fait différentes. C’est juste « l’univers » dans lequel se déroule l’action qui offre des similitudes inhérentes au combo « Japon/femme dirigeante/race « inférieure »/opposants au régime ».

Pour conclure, revenons à Jirô Taniguchi, qui nous entraîne dans un album quasiment intégralement noir & blanc où seules trois ou quatre planches sont colorées au tout début de l’ouvrage, dessiné d’un trait résolument typé manga, Icare est à l’opposé de Mon Année.
Opposition logique vu que Icare à été initialement publié au Japon dans un périodique.
Taniguchi à aussi privilégié une ambiance relativement contemplative avec peu de dialogues et beaucoup de grande planches.
Le aficionados du style japonais encore une fois ne seront pas déroutés.

Troisième pas

Passons donc au dernier ouvrage qui je dois l’avoué est mon préféré : Quartier Lointain
Alors on va faire simple, Quartier Lointain est un petit bijou très bien reçu par la critique européenne et récompensé par de nombreux prix (dont « Meilleur scénario » en 2003 à Angoulême) ça vaut ce que ça vaut mais pour une fois que je suis d’accord avec eux, je ne vais pas bouder mon plaisir :)

Commençons par les infos pratiques habituelles, Quartier Lointain est un petit format 18×24 de 406 planches en pagination occidentale aux éditions Casterman. Contrairement aux deux autres productions présentées, c’est un album réalisé à 100% par Jirô Taniguchi.

Couverture de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Etonnamment, cet album commence aussi par une demi-douzaine de planches couleur avant de basculer en noir & blanc intégral.
Des trois, c’est à mon avis le plus intimiste, celui où Taniguchi a mis le plus de lui même.
Imaginez un instant qu’un matin vous vous réveilliez en ayant 14 ans, mais dans la peau de vos 14 ans : même endroit, même parents, même école…
Bref un voyage dans le passé mais avec votre vécu d’adulte, vos cicatrices secrètes, vos regrets !
Comment géreriez-vous, ce qui pourrait être une nouvelle chance de tout changer, y compris votre avenir !?

C’est à cet exercice risqué que nous sommes confronté dans Quartier Lointain

Hiroshi Nakahara prend le train pour rentrer chez lui après une soirée trop arrosée, un penchant alcoolique récurrent chez lui. au bout de quelques kilomètres il se rend compte qu’il n’est pas dans le Shinkansen pour Tokyo mais dans le train pour Kurayoshi, sa ville natale, dans laquelle il n’était pas retourné depuis le décès de sa mère quand elle avait 48 ans, l’âge d’Hiroshi aujourd’hui.

Arrivé à la gare, constatant que plusieurs heures le sépare du train qui le ramènerait chez lui, il décide de se rendre sur la tombe de sa mère. Arrivé au temple Genzen, il s’agenouille devant la tombe et prie. Soudain, il se réveille au même endroit, se serait-il endormi ?
Mais bien vite Hiroshi se rends compte que son centre de gravité, son poids, ses sensation ne sont plus les même et qu’il est vêtu d’un costume d’écolier !
C’est là que commence son aventure, notre héros se rends compte bien rapidement et à sa grande stupeur qu’il est revenu à l’été de ses 14 ans.
Été au cours duquel son père était disparu sans laisser de trace.
Qu’elle va donc être sa vie à partir de cet instant ? que va-t’il devenir ? Comment va-t’il gérer l’approche de la date fatidique où son père va disparaître ?
Vous désirez le savoir !?
Courrez donc vous procurer cet album, je n’en dirai pas plus !!
Mais comme j’aime bien vous mettre l’eau à la bouche, et que j’aime aussi que vous vous fassiez votre propre idée, voyez quelques extraits :

L’intérêt d’avoir déjà vécu cette vie : Savoir où les copains planquent leur whisky…
Planche 131 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Pouvoir dire à ceux qu’on aime ce que l’on a gardé 34 ans sur le cœur
Planche 349 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Prendre la mesure de son impuissance
Planche 360 de Quartier Lointain
© Jirô Taniguchi 1998/1999 – Casterman 2006

Au-delà de ça, se posent encore d’autres questions : Hiroshi est-il bloqué dans son corps d’avant sans possibilité de retour à sa vie présente ?
Qu’adviendra-t’il de sa femme et de ses deux filles qu’il a laissé dans un futur qu’il risque de modifier par ses actes présents ?

Et vous, si vous aviez une chance de rejouer votre vie… que feriez vous ?

Moi j’ai adoré Quartier Lointain, à tel point que je pense me procurer très prochainement K et le Sommet des Dieux deux autres productions de Jirô Taniguchi, qui vient de faire une entrée fracassante dans ma bibliothèque !

…Voilà, je viens de mettre un point final à un article commencé le 5 février.
Et oui, après une si longue absence, il fallait au moins un mur de texte pour me faire pardonner n’est-ce pas ? :)

New-York 1947

Il y a des chroniques plus facile à écrire que d’autres, celle-ci fait partie de la seconde catégorie, rarement un album m’aura laissé une impression si mitigée.
Il ne m’a pas déplu non, sinon je ne l’aurais pas chroniqué, mais il me laisse un goût d’inachevé, l’impression d’être passé à coté de quelque chose qui aurait pu être beaucoup plus percutant, beaucoup plus approfondi !
Néanmoins il a le mérite d’exister et de ne pas être franchement mauvais.

Quoiqu’il en soit je le déconseillerai à qui n’aurait pas lu Block 109 (voir ce billet) sous peine d’un rejet non mérité de l’ouvrage.
En effet, autant Etoile Rouge ou Opération Soleil de Plomb (voir ce billet) peuvent se lire seuls, autant New-York 1947 impose d’être imprégné du premier opus pour être apprécié à sa juste valeur.
Bien, ceci étant dit commençons à spoiler un peu et à exprimer mon ressenti (oui le mien, je le précise puisque je ne vais pas dire que des choses sympa).

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Un commando allemand est désigné pour aller récupérer le contenu d’un coffre à Manhattan. A ce niveau, on peut parler de mission suicide sachant que les membres du commando on été choisis pour leur aptitudes personnelles mais aussi pour leur aptitude à avoir déplu à quelqu’un de haut placé dans le Reich, un genre de « 12 salopards » version allemande, à ceci près qu’ils sont six et que Manhattan a servi de zone de test pour un virus expérimental nazi quelques mois auparavant.
Virus qui a fait muter les rares survivants de l’île, oui rares survivants, puisque le Reich un peu taquin, à lâché le feu nucléaire sur les États-Unis en mai 1945.

Ah oui.. petit aparté pour ceux qui ne connaîtraient pas Block 109, cette série est une uchronie, soit : partir de faits réels et tordre la réalité pour en créer une autre, telle qu’elle aurait pu, ou pas, se produire. Fin de l’aparté.

Voici donc nos six salopards en train de déambuler dans les rues d’un Manhattan dévasté qui n’est pas sans rappeler le sublime Prophet de Matthieu Lauffray, j’ose penser que ce n’est pas complètement involontaire et que c’est un clin d’oeil voulu.
D’un autre coté, dessiner New-York à moitié rasé et quasi désert ne peut qu’y faire penser, c’est certainement moi qui m’emballe, impatient que je suis de voir le 4ème tome de Prophet :)

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Revenons à nos moutons, le commando subit sa première perte, Der Journalist qui chute dans des circonstances mystérieuses, puis le groupe essuie très rapidement une première embuscade dans laquelle il perd le sac à dos de Der Spezialist; sac à dos qui contient un matériel essentiel à la réussite de sa mission.
Ici intervient pour moi la première incohérence du scénario : une rencontre providentielle et essentielle avec Alice/Rachel, un improbable chaperon rouge.
C’est bien connu, dans un monde urbain ruiné où chacun lutte pour sa survie, que chaque bloc de pierre peut cacher un ennemi, la tenue de combat furtive appropriée est un « poncho » rouge vif.
D’autant que durant tout l’album aucun des militaires chevronnés qui l’accompagne ne lui fera remarquer qu’elle peut mettre le groupe en péril avec cette tenue.
M’ouiiii… je suis dubitatif.
Par contre, j’y vois encore un clin d’œil, j’en suis friand et je finis par en voir partout, même là où il y en a pas… Cette silhouette rouge dans un univers monochrome, me fais penser à la Liste Schindler de Spielberg, association d’idées et d’univers sans doute…

continuons si vous le voulez bien, la demoiselle marchande la restitution du sac à dos contre l’exterminations des abominations qui colonisent la ville.
Le commando se lance à leur poursuite et arrive sur une position en surplomb des mutants. Der Ritter se lance dans un plan de bataille avec encerclement de l’ennemi en composant trois groupes de deux combattants; dont un groupe avec Rachel et Spitzel… Y’a que moi pour trouver ça débile ?
Vous composeriez un groupe avec les deux seules personnes capables de vous guider dans une ville inconnue vous ?
Ce mec doit être du genre à écrire son code secret au dos de sa carte bleue, un fin stratège assurément…

Le combat est engagé et tourne rapidement à l’avantage des agresseurs, qui sont armés et je le répète en hauteur par rapports à leurs cibles, nous y voyons Rachel armée d’un fusil mitrailleur en train de faire un carton sur les mutants avant d’égorger Spitzel… avec un poignard !?
Une rafale de fm n’aurait elle pas été plus efficace ?
Elle ne devait plus avoir de munitions, admettons…
À son retour, personne ne trouve étrange que la seule victime soit celui qui accompagne une ennemie potentielle, et ne va vérifier l’état du cadavre… passons aussi.

Mais dites moi, elle ne serait pas aussi débile que le Ritter cette petite Rachel ?
Après avoir égorgé Spitzel elle dit, s’adressant à son cadavre « Désolé mais je dois me tirer d’ici ».
Bien… alors pourquoi file-t’elle rejoindre le groupe plutôt que de se tirer !?
Je vous rappelle que ses compagnons sont morts et qu’elle est sensée guider des nazis qu’elle déteste pour accomplir une mission dont elle ignore tout, mais qui à coup sûr sert les intérêts du Reich, sinon ils n’enverrait pas un commando pour l’accomplir.
Encore une fois, y’a que moi pour trouver ça idiot ?
On en a tondues pour moins que ça…

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Bref, j’ai spoilé méchamment mais j’ai occulté bon nombre de petits détails pour vous permettre quand même une découverte sympathique de l’album, et je ne vais pas dévoiler le dénouement, même si une des scènes de la fin de mission, avant le retour me défrise un peu… je ne suis pas si cruel ;)
Par contre le dénouement est magistral, romantique, poignant et en même temps si futile et dérisoire (je parle ici du point de vue du héros, futile et dérisoire ne qualifie pas le scénario) .
Comme je l’ai déjà précisé, il ne sera perceptible qu’à un lecteur ayant lu Block 109.
Un « néo-lecteur » qui commencerait par New-York 1947, à coup sûr resterait sur sa faim et sa perception de la qualité de l’album serait biaisée, ce serait dommage.

Couverture New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Comme les trois précédents opus, le dessin de Ronan Toulhoat est nerveux et rythmé, la qualité est au rendez-vous, il ne lui manque pas grand chose pour que je l’encense totalement.
Les quelques errements du scénario, le changement de narrateur en court d’ouvrage qui peut être perturbant (même si le changement de couleur de l’encart texte permet de s’y retrouver ), la fin légèrement précipitée me laissent légèrement sur ma faim. Une sensation de trop peu ou de trop confus peut-être.
Au-delà de ça, New-York 1947 reste un bon album doté d’une très belle couverture qui cumule les codes que j’aime (hep ! y’a pas aussi une référence à la planète des singes ? ok j’arrête…). il est aussi doté d’un petit carnet de croquis à la fin, j’adore ça !

Carnet de croquis New-York 1947
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Les fans de la série l’apprécieront, et moi aussi malgré le ton du billet qui pourrait laisser penser l’inverse.
C’est pourquoi je suis impatient de voir sortir Ritter Germania (sortie prévue en avril 2012) si le cycle se confirme* ce devrait être une tuerie absolue !
me décevez pas les mecs ! :)

*Un cycle tout à fait perso : j’ai adoré le premier, pas apprécié du tout le deuxième, adoré le troisième, été un peu décu par le quatrième, donc…

Je suis Légion et ses Chroniques

À l’occasion de la sortie de « Les Chroniques de Légion« , je vais faire un petit retour sur la magnifique trilogie « Je Suis Légion » de Fabien Nury et John Cassaday pour ceux qui ne la connaîtrait pas encore.

Alors le Seigneur s’approcha de l’homme, et lui demanda son nom :
« Légion », dit l’homme, « Car nous sommes nombreux. »
Marc, 5.9

Couv Je suis Légion T1
Tome 1 – Le Faune Dansant
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2004
Couv Je suis Légion T2
Tome 2 – Vlad
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2006
Couv Je suis Légion T3
Tome 3 – Les Trois Singes
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2007

Le mythe de la vie éternelle aura fait couler des fleuves d’encre et de pigments depuis les débuts de l’humanité. L’homme n’a de cesse que de vaincre la mort, alors qu’il excelle dans l’art de la donner, mais ça c’est un autre débat qui n’a pas forcément sa place ici.
Il n’est pas étonnant donc d’avoir vu fleurir de nombreuses légendes tenaces : Homme qui ressuscite, Phénix qui renaît de ses cendres, Saint-Graal, Fontaine de jouvence, entre autres, mais aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse : Vampires !

Oui, le vampire, vous savez, ce mec blafard comme un lave-linge, qui ne se reflète pas dans les miroirs, se transforme en Batman chauve-souris pour se déplacer plus rapidement, ne supporte pas l’ail et le soleil (on en déduit qu’il y en a très peu dans la région de Nice), dort dans un cercueil et a la fâcheuse manie de transpercer à coup de canines hypertrophiées la jugulaire de jeunes vierges tombées sous son charme.

Immortalisé par Bram Stoker, le personnage du Comte Dracula en est l’archétype originel.
Notons au passage que Bram Stoker c’était inspiré d’un prince de Valachie du XVe siècle tout à fait réel lui , Vlad III, réputé pour sa cruauté et sa manie d’empaler pour un oui ou pour un non les fâcheux qui avaient eu l’impudence (et surtout l’imprudence) de le contrarier.
Cette légère digression historique me permet de revenir à Légion, en effet, Fabien Nury s’est inspiré du même personnage historique pour son scénario, tout en étant plus fidèle à la légende que Bram Stocker (voir l’article Wikipédia sur Vlad Dracul) et de sa lutte pour le pouvoir, bien réelle, avec son frère Radu.

Avertissement : à partir d’ici commence la zone de SPOIL potentiel.

Pour Fabien Nury, pas d’ail, de chauves-souris, de canines, de miroir et autres crucifix, le strigoï survit grâce à une particularité sanguine le rendant potentiellement immortel.
Pour être clair, le sang de Vlad et Radu est le siège de leur personnalité, est animé d’une vie propre et se comporte de façon parasitaire en s’introduisant dans le corps de la (des) victime(s), une fois le sang assimilé, l’hôte est entièrement contrôlé par le donneur.
De telle manière, les deux Strigoïs survivent depuis le XVe siècle en changeant d’hôte au gré de leurs besoins, leurs desseins, mais aussi leurs nécessités car parfois c’est une question de survie pour eux, dans ce dernier cas, un animal peut être le récipiendaire de leur sang.

Planche Je suis Légion T1
Tome 1 – Le Faune Dansant
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2004
Planche Je suis Légion T2
Tome 2 – Vlad
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2006
Planche Je suis Légion T3
Tome 3 – Les Trois Singes
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2007

L’action prend place, dans le premier album, à l’un des moments les plus troublés de notre histoire : la seconde guerre mondiale. Dans ce contexte historique, Vlad évolue sous les traits d’une enfant roumaine servant d’expérience dans un programme secret nazi visant à créer le soldat parfait à partir d’untermenschen.
Quel espoir pour les nazis, que de contrôler à partir d’un seul esprit une troupe de soldats insensibles à la douleur et dont l’éventuelle perte n’indignera aucun haut dignitaire puisque aucun brave soldat aryen n’aura péri dans l’assaut, seulement quelques prisonniers de guerre voir des juifs, des slaves ou des roms.

Au même moment, à environ 2500 km de là, à Londres, Victor Thorpe meurt dans d’étranges circonstances, suffisamment étranges pour déclencher une enquête.
Ce n’est pas tous les jours que l’on trouve un cadavre qui s’est auto-égorgé sans laisser une trace de sang !
Et en période de guerre, lorsque l’on sait que cet homme était riche et très influent, ça devient directement une affaire d’état.
Stanley Pilgrim et son équipe sont chargés de l’enquête et leurs soupçons se dirigent assez rapidement vers Peter Wilkes, ce qui est dramatique, cet homme ayant accès au War Office où siège aussi Sir Winston Churchill et donc accès à tout le renseignement stratégique anglais.

Vous l’aurez compris, Victor Thorpe, Peter Wilkes ne sont qu’une seule et même personne : Radu !

Radu poursuit une quête personnelle bien plus importante a ses yeux que la guerre mondiale qui déchire le monde des hommes : La destruction pure et simple de son frère Vlad !
Leur lutte fratricide les conduira sur les différents fronts d’opération de l’ouest et se conclura bien évidemment par la confrontation attendue.

Nous avons donc un scénario original aux multiples rebondissements et sans temps morts excessifs, servi par un dessin réaliste de John Cassaday qui distille avec brio les cadrages et les sorties de cases sans en faire trop. Les trois albums se lisent facilement mais demandent un peu de calme pour bien appréhender les différents personnages, les implications de leurs actes; à ne pas lire dans le métro ou entre deux tâches ménagère donc.

Voilà pour « Je Suis Légion », intéressons-nous maintenant aux « Chroniques de Légion », ici Fabien Nury a choisi de faire appel à plusieurs dessinateurs, j’avoue que sur le coup ça m’a un peu ennuyé, je ne suis pas super fan de ce genre d’expérience.
Mais d’un autre coté, quand la couverture et le premier récit sont mis en valeur par Mathieu Lauffray, on ne fait pas le difficile longtemps, quelle belle carte de visite !

Couv Chroniques de Légion T1
Les Chroniques de Légion – Livre 1
© Fabien Nury – Mathieu Lauffray
Glénat 2011
Planche Chroniques de Légion T1
Les Chroniques de Légion – Livre 1
© Fabien Nury – Mathieu Lauffray
Glénat 2011

Je dois avouer toutefois, qu’une fois l’album ouvert, même si la transition entre les différents dessinateurs est évidente, elle n’est pas choquante. C’est dû à mon humble avis à la structure de l’ouvrage : quatre dessinateurs, quatre époques de la vie de Vlad et Radu.
Nous voici projeté à l’origine de la saga au XVe siècle avec Mathieu Lauffray, puis au XVIe siècle avec Mario Alberti, puis en plein cœur de la retraite napoléonienne de Russie avec Zhang Xiaoyu et finalement à la fin du XIXe siècle avec Tirso, chapitre final où nous retrouvons le jeune Victor Thorpe qui réapparaîtra très brièvement dans le Tome 1 de Je Suis Légion.
Du coup ces changements de mains, ne sont pas préjudiciables à une lecture sereine de l’album, la palette chromatique est relativement raccord d’un chapitre à l’autre et contribue à conserver l’immersion dans le récit.

Sachant que les Chroniques de Légion, sont une tétralogie, je me pose quelques questions et en suis réduis à des conjectures hasardeuses. Il est possible qu’une simple recherche Google réponde à mes interrogations, mais je vais quand même émettre mes hypothèses et les soumettre à votre légendaire sagacité* :
Quatre volumes sont prévus, seront-ils avec les même dessinateurs ?
Étant donné que 4 périodes courent de la genèse au dénouement, est-ce que dans les prochain volumes chaque chapitre reprendra là où le précédent c’est arrêté ??
Ou alors ce seront d’autres créneaux de temps et angle de point de vue ?

Ce ne sont pas de bien grandes interrogations mais si vous détenez une réponse fiable, faites m’en part, j’éditerai le billet ;)

*Je tiens mes lecteurs en haute estime n’est-ce pas ?

La Licorne

Avant Galilée (1564-1642), la terre était plate, et l’univers tournait autour. Toute autres considérations sur une planète sphérique, un système solaire ou la théorie de la gravité vous eut valu le bûcher pour hérésie, sans omettre le douloureux passage par la question préparatoire puis la question préalable !
Et si… et si la terre avait été réellement plate ?
Et que suite à des modifications d’ordre métaphysique elle était devenu ronde petit à petit au cours de la renaissance ?
Un peu barré comme concept non ?

Bien, alors comme une planète plate qui se métamorphose est un concept un peu trop gros, appliquons ce principe à l’être humain, mais l’être humain dans sa physiologie profonde.
Au moyen-âge, point d’autopsie réprouvée par l’église, point de microbes non plus, Louis Pasteur ne naîtra qu’en 1822.
Au moyen-âge donc, le corps humain est considéré comme constitué principalement de quatre humeurs différentes : le sang, la bile, l’atrabile et le phlegme ; la maladie proviendrait d’un déséquilibre entre ces dernières; « les sautes d’humeur » viennent aussi de là.
Et si… et si le corps avait été effectivement composé d’humeurs et que suite à des manipulations génétiques doublées d’un peu d’évolution darwiniste nos corps c’étaient peu à peu métamorphosés pour devenir ceux que nous connaissons aujourd’hui ?
Toujours un peu barré comme concept mais plus plausible…
Suffisamment acceptable en tout cas pour en faire un scénario épique et moderne de Bande-Dessinée, j’ai nommé : La Licorne de Mathieu Gabella et Anthony Jean aux éditions Delcourt !

Difficile de mettre La Licorne dans une case pré-formatée, ce n’est pas vraiment du « capes et épées », c’est trop récent pour être du médiéval fantastique et trop vieux pour être du steampunk. Il faudrait presque inventer une case spéciale, genre « Historic Fantasy ».
J’ai découvert La Licorne il y a à peu près deux ans, lors d’une petite rencontre entre Yiunautes du coté de Saint-Germain. Nous échangions nos sentiments sur quelques albums marquants quand Lordstone c’est mis à me faire la promo de cette série, faut croire qu’il a été convainquant, puisque je suis rentré chez moi avec l’album sous le bras et que depuis j’ai investi dans les suivants !

Pour info, trois albums sont déjà parus, et le quatrième et dernier tome (62 planches) ne devrait plus tarder.

Couv La Licorne T1
Tome 1 – Le Dernier Temple d’Asclépios
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
Couv La Licorne T2
Tome 2 – Ad Naturam
© Gabella – Jean – Delcourt 2008
Couv La Licorne T3
Tome 3 – Les Eaux Noires de Venise
© Gabella – Jean – Delcourt 2009

On va pas donner dans le résumé exhaustif ni dans l’analyse poussée du dessin, des tas de sites le font mieux que moi et ce n’est pas mon but, mais si je peux contribuer à vous donner envie de commencer la série, je m’estimerai amplement satisfait, le bonheur est dans le partage.
Comme on ne juge pas un livre à sa couverture voici dans l’ordre, trois planches tirées de chacun des tomes paru, vous pourrez y admirer la qualité du dessin et constater que cette qualité perdure d’album en album, ce qui n’est pas toujours le cas dans la production BD actuelle malheureusement.
J’ai choisi ces planches avec soins pour vous dévoiler très succinctement le scénario de façon visuelle.

planche La Licorne T1
Tome 1 – Le Dernier Temple d’Asclépios
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
planche La Licorne T2
Tome 2 – Ad Naturam
© Gabella – Jean – Delcourt 2008
planche La Licorne T3
Tome 3 – Les Eaux Noires de Venise
© Gabella – Jean – Delcourt 2009

Avertissement : à partir de ce point, on peut parler de SPOIL.

Paris XVIe siècle, Ambroise Paré chirurgien peu orthodoxe puisque formé à la dure sur les champs de bataille royaux, pratique une médecine « moderne », aujourd’hui on dirait invasive, pour cela il est méprisé par les médecins « académiques » qui voient en lui, au mieux un barbier (sa formation initiale), au pire un boucher, en tout cas un ignare indigne de la Faculté qui ne connaît même pas le latin. Pour être honnête, ce mépris est réciproque, Paré n’est guère enthousiasmé par la médecine « astrologique » et ne tient pas en haute estime ses collègues de la Faculté de médecine qu’il considère comme des charlatans passéistes.

Toujours est-il que quand des anatomistes de renom commencent à mourir dans d’étranges circonstances, circonstances d’autant plus étrange que certain d’entre-eux sont déjà sensés être morts depuis plusieurs années, Ambroise Paré se retrouve malgré lui aspiré dans la tourmente d’une conspiration internationale où les deux factions, les Asclépiades et l’Église, s’affrontent dans une guerre manichéenne.
Les uns pour obtenir la suprématie sur l’espèce à l’aide d’une des premières armes bactériologiques a grande échelle, les autres pour sauver les primordiaux et l’espèce humaine de cette menace.

Ah oui.. vous avez noté ? j’ai utilisé le terme « les primordiaux », kesako les primordiaux me direz-vous ?
Le primordiaux vous les connaissez sans aucun doute, il hantent nos légendes : Centaures, Vouivres, Sirènes, Dragons, Hydres, Manticores
Ils sont aussi vieux que l’humanité, peut être plus vieux même. Leur anatomie est semblable à celle des premiers humains, régie par les humeurs, sauf qu’au moment ou Paré intervient dans l’histoire, les primordiaux sont en voie de disparition, en effet une espèce ne peut survivre sans l’autre et malheureusement comme l’espèce humaine mute, les primordiaux s’éteignent.
Les Asclépiades, société secrète de médecins tenants de l’anciennes médecine « humeur + astrologie », démontrent à Ambroise Paré que quelqu’un, non seulement joue avec l’anatomie humaine, mais en plus créé un virus à partir du venin de l’hydre : la vermine, capable de décimer tous les primordiaux et de déclencher une pandémie chez les humains.
Le salut ne peut venir que d’un primordial : La Licorne.

La Licorne conte donc leurs aventures, de France au nouveau monde en passant par Venise…

Bien entendu comme dans tous les bons romans épiques nous avons les ingrédients nécessaires à une intrigue trépidante : Médecins influents, légendes vivantes (Nostradamus ou Léonard de Vinci), sociétés secrètes, méchants très très méchants, agent double, traîtres, pontifs retors, courses poursuites, combats, sex… ah non, pas de sexe… Comme quoi une bimbo à gros seins n’est pas toujours indispensable à la qualité d’un récit !

Pour les amateurs d’albums « avec bonus », notez que les tomes 2 et 3 en première édition sont fournis avec un cahier graphique de 8 pages. Je n’ai malheureusement que le tome 3 en première édition, mais ça me permet de vous en montrer deux extraits de belle facture :

Cahier La Licorne T3
Tome 3 – Cahier exclusif première édition
© Gabella – Jean – Delcourt 2006
Cahier La Licorne T3
Tome 3 – Cahier exclusif première édition
© Gabella – Jean – Delcourt 2008

Vous aimez les belles intrigues n’hésitez-plus, foncez vous offrir La Licorne !

4e Festival BD Bulles de Mantes 2011

leaflet Bulles de Mantes
© Jean-François Charles 2011 – Création/AR’MLJ
Mantes-la-Jolie est une ville qui traîne une réputation sulfureuse. Qui n’a pas entendu parler du Val Fourré ? Une de ces cités-dortoirs qui fait régulièrement la manchette des journaux régionaux et parfois même nationaux.
Donc quand j’ai projeté de me rendre au 4e Festival de BD Bulles de Mantes, je m’attendais à me retrouver dans une MJC de banlieue, et oui, moi aussi j’ai des à-priori comme la majorité des habitants de notre beau pays…
c’est moche, je sais !

Seulement voilà, Mantes-la-Jolie est la commune possédant la troisième plus grande superficie d’Île-de-France après Paris (et mon Argenteuil natal), une une commune qui c’est développée tout en longueur le long d’un des méandres de la Seine sur près de 6km, les quartiers sont donc relativement éloignés les uns des autres. À mon arrivée dans la ville, j’ai été étonné de découvrir une ville pleine de charme avec une magnifique Collégiale du XIIe siècle et un patrimoine historique qui me fera certainement revenir traîner mes guêtres dans le quartier.
Comme quoi, il ne faut pas prêter plus d’attention que ça aux réputations toutes faites, je tacherai de m’en souvenir.

Bien, c’est pas tout ça, mais je suis parti un peu « à l’arrache » et maintenant il faut que je trouve le lieu du Festival, après avoir tourné un peu dans le secteur (noter au passage que Mantes-la-Ville et Mantes-la-Jolie sont deux entités distinctes, ça évitera de tourner autant la prochaine fois) je fini par arriver au bon endroit, par Limay, au pied du pont qui mène à l’Île-aux-Dames, île qu’il faut traverser dans sa longueur pour arriver via un petit pont sur l’Île-l’Aumône qui accueil le parc des expositions.
ces deux petites îles qui occupent le méandre sont étroites et vertes et accueillent des équipement sportifs et culturels, aujourd’hui, il fait beau c’est un plaisir que d’y déambuler en regardant un petit voilier, voguer sur la Seine à travers le rideau d’arbres, ça a un petit coté « impressionniste » comme vision, qui n’est pas pour me déplaire

Autre bonne surprise, l’entrée est gratuite, pratique qui devient rare, mais en plus on vous remet un « petit » dépliant 10×21 qui une fois ouvert fait la bagatelle de 42×59 (A2) avec au recto le programme du festival (qui se déroule sur trois jours) et au verso l’affiche du festival… sympa !
D’ailleurs vous pouvez l’admirer fermé ci-dessus. Mon fils qui m’accompagnait a aussi eu le droit à deux petit magazines avec des petites BD, tout le monde est gâté.

Au premier abord, le site se présente comme une grande cour gravillonnée, avec une disposition en forme de U, à droite le pavillon N°5, qui accueille le festival proprement dit; en face la scène où un groupe de musicien ne tardera pas à jouer; à gauche la traditionnelle buvette, qui accompagne aussi sous le même chapiteau ouvert quelques associations locales, dont une de modélisme nautique avec un bassin pour les initiations. (ne pas oublier, le thème du festival est « mer et navigation » ).
Par la suite je découvrirai un autre pavillon un peu plus loin sur la gauche dédié au Manga, je m’y intéresserai assez peu vu que la semaine prochaine, je vais à Mangachamp avec mes loulous.

Vue de la scène et de la buvette

leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
Vue de l’espace associations

leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
Les amateurs de manga !

leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011

Petit avertissement : les photos ont encore une fois été prisent avec mon iPhone 3G qui commence à accuser son âge, mes excuses pour la pauvre qualité des clichés et vivement la WWDC qui devrait annoncer le prochain renouvellement de mon précieux. :)

Arrivé dans le pavillon 5, la disposition est assez classique : Boutique avec les albums des auteurs en dédicace, deux allées dédiées aux dédicace, un espace ludique pour les plus jeunes (ça c’est pas systématique, ça vaut donc le coup d’être signalé), et enfin l’espace dédié aux boutiques où l’on trouve comme d’habitude de la BD neuve, de l’occasion, des raretés, des ex-libris, des goodies… le pavillon n’est pas énorme (environ 600m2) mais on a pas la sensation de se marcher sur les pieds, d’un autre coté, il fait beau, c’est dimanche après midi, les visiteurs ne sont peut-être pas si nombreux, en tout cas on ne ressens pas une sensation d’étouffement ou de bousculade désagréable.

L’habituelle cohorte des chasseurs de dédicace est présente, vous savez ces groupe de gens qui arrivent par groupe de trois à cinq et qui font dédicacer la moitié de leur bibliothèque, il y aussi les insupportables « sacs tampon », sacs à dos qui sont sensés représenter une personne réelle genre « faites vous chier à attendre, moi je pose mon sac qui garde ma place et je vais me balader », je ne comprends toujours pas que l’on accepte ces « files d’attente virtuelles », c’est un manque de correction vis-à-vis des gens qui font réellement la queue. je dois être vieux jeu…

leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011

Après un rapide tour des lieux, mon choix de dédicace se portera sur Tacito, en effet, vu mon coté « vieux jeu » annoncé plus haut, je suis bien obligé de cibler mes dédicaces, je pars rarement avec plus de deux dessins sur ce genre de manifestation. De plus J’avais dans l’intention de faire deux fois la queue pour faire plaisir à un ami, malheureusement la suite des événements m’a contraint à trouver un plan B.
Et oui, j’ai encore une fois été victime de la « queue virtuelle » mais avec une variante, comme l’allée était étroite, les sacs étaient sur le coté pour pas gêner le passage… splendide ! du coup, de cinq personne devant moi, nous sommes montés à dix le temps que mon tour arrive !
Le pauvre Tacito, qui essayait de suivre le mouvement avait jugé bon de stopper la file deux personnes après moi pour gérer sont temps au mieux (il prends un certain temps pour faire une chouette dédicace), sauf que lui non plus n’avait pas repéré les sacs !!!
Donc j’ajouterai que c’est aussi un manque de correction vis-à-vis des auteurs !
Ami « sac-tampon » si tu me lis….

Du coup, de 20 minutes par dédicace, Tacito a été obligé d’accélérer le rythme et est passé à dix minutes chrono, la qualité s’en est un peu ressentie (pour avoir vu les premières et les dernières, je sais de quoi je parle), par contre c’est un auteur très agréable, qui parle et est souriant même après deux jours de marathon festivalier.
Comme une malédiction n’arrive jamais seule, je n’ai pas pu faire faire ma dédicace sur mon livre d’or, en effet Tacito « bloque » dessus, d’après lui il les « foire » systématiquement et préfère s’en occuper à tête reposée à la maison. je peux comprendre…
Tacito, si tu me lis, je te l’envoie quand tu veux ! :)
Hum… ça coûte rien d’essayer ^^

Comme je suis un grand fan de l’affiche Métal et BD, j’ai lui aie demandé une Claudia avec une guitare électrique, à son grand désespoir je dois dire. Le pauvre, en fin de festival, ça se fait pas d’avoir des exigences pareilles, mais bon, on est métalleux ou on ne l’est pas ! ^^

Allez trêve de Blabla on passe aux choses sérieuses :

leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011
leaflet Bulles de Mantes
© Badiuth 2011

Et, après 1h30 d’attente voici enfin le résultat, avec mon fameux « plan B »,
tu devrais la recevoir bientôt Fif, je me contenterai de la version numérisée !
leaflet Bulles de Mantes
© Tacito 2011

Oh dis moi oui, Enki !

Juste un petit billet en mode « j’me la pète », j’ai réussi à obtenir ceci :

Dédicace Enki Bilal
© Enki Bilal 2011

Avec donc en prime le dernier Bilal que je n’ai pas encore lu, mais ça ne saurait tarder.

Couverture Julia & Roem
© Enki Bilal – Casterman 2011

J’espère qu’il sera un peu moins obscur que la série, Le Sommeil du Monstre, qui j’avoue me gavait franchement vers la fin. Au point que j’en ai carrément zappé Animal’z, à voir… (à lire !).
Je vous ferai un petit topo, si il m’inspire sinon je passerai l’expérience sous silence.
Oui, je le rappelle : Je ne suis pas là pour casser de l’auteur, je partage ce que j’aime, éventuellement je dis que je n’ai pas apprécié, mais après, c’est à vous de juger.

Opération Soleil de Plomb

Les plus anciens d’entre-vous se souviendront peut-être de Block 109 que j’avais évoqué ici l’an dernier.
Depuis, on peut dire que Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat n’ont pas chômé : Deux nouveaux albums édités et deux en préparation !
Je vais passer rapidement sur Etoile Rouge qui personnellement m’avait laissé plutôt froid, mais par contre je vous invite chaleureusement à vous arrêter un instant, voir un long moment, sur Opération Soleil de Plomb !

soleil de plomb
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

*ATTENTION SPOIL*
L’action prend place quelques années avant Block 109 au Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo), les allemands y sont confrontés à une résistance acharnée et quasi invisible.
D’après les services de renseignement nazis, les rebelles sont dirigés par le Général Leclerc, un officier français ayant rassemblé des troupes de diverses nationalités dans le but de nuire à l’extraction industrialisée d’uranium et autres minerais nécessaires à l’effort de guerre allemand.
Malgré l’importance stratégique de ces ressources, le Reich ne veut pas dégarnir le front européen où ils s’enlise face à l’armée rouge.
Le gouvernement allemand décide de faire d’une pierre deux coups et confie la mission aux légions pénales, le rebut de la Wehrmacht : brutes, opposants politiques, officiers rebelles…. Ainsi le « problème congolais » peut être réglé efficacement avec des pertes humaines sans importance pour le Reich.
À noter que dans les effectifs de cette légion nous ferons connaissance avec le Sergent Schell/Steiner que nous retrouverons dans Block 109.
Rapidement ces troupes vont être confrontées à la spécificité du terrain, à l’âpreté des combats et à un ennemi qui n’est pas vraiment celui auquel ils s’attendaient…

soleil de plomb
© Vincent Brugeas – Ronan Toulhoat – Akileos 2011

Petit chef d’œuvre de genre, parsemé de clins d’œil cinématographique : Full Metal Jacket, Apocalypse Now, Alien (celui-là, on me l’a soufflé, il était trop subtil pour que je fasse le rapprochement) Opération Soleil de Plomb mérite une bonne place dans votre bédéthèque.
Que vous soyez fan d’histoire ou de guerre, vous y trouverez votre compte, c’est tout l’intérêt de l’uchronie, que de tordre des événements réel pour en faire un univers « parallèle » mais néanmoins rigoureux.
Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat se prêtent à l’exercice avec brio et je suis impatient de tenir entre mes mains New York 1947 et Ritter Germania les deux prochains opus de ce duo fort sympathique.
Oui ils le sont, pour de vrai, si vous avez un jour l’occasion de les croisez sur un festival, vous pourrez vous en rendre compte par vous même.
Bonne lecture !! ;)

Destins pirates

À bord du Barracuda, dangereux navire pirate, trois destins vont se croiser mais c’est à terre qu’ils vont se jouer.
Maria, Emilio & Raffy, coincés sur l’une des îles les moins fréquentables des Caraïbes : Puerto Blanco.
Vendus, battus, blessés, humiliés ou peut-être aidés, il devront chacun affronter leur destin : pirate, esclave, protégé…
Plongez dans une saga passionnante en lisant ce « Barracuda » tome 1 « Esclaves » de Jean Dufaux et Jérémy. Je dois dire que pour une première collaboration, ces deux là nous ont gâtés.

Barracuda
© Jean Duffaux – Jérémy – Dargaud 2010

On pouvait penser que tout avait été dit sur la piraterie depuis l‘Île au Trésor de R-L Stevenson mais rien n’est moins sûr depuis que sont sortis les trois* tomes de Long John Silver de Dorisson et Lauffray et aujourd’hui ce très prometteur Barracuda !
Tous les codes sont présents, la scène d’abordage en pleine mer, l’île repère de forbans, le trésor maudit et même la sorcière…
Et pourtant ce ne sont pas des poncifs usés jusqu’à la trame, Duffaux utilise un angle original pour dépoussiérer le monde des frères de la cote, la recette fonctionne et on en redemande !

Le dessin de Jérémy est dynamique et structuré, on lui doit par ailleurs la couleur du dernier Murena, ce n’est donc pas un parfait inconnu et je trichais un peu en annonçant une « première » collaboration :)

Barracuda
© Jean Duffaux – Jérémy – Dargaud 2010

Le scanner que j’utilise est horrible, il crame les hautes lumières et ne rend absolument pas grâce aux teintes pastels de la planche, c’est bien dommage. (EDIT : Je me suis battu avec le scanner, ça va beaucoup mieux)
D’ailleurs, pendant que nous sommes dans la couleur, je trouve que les verts utilisés pourraient êtres légèrement plus lumineux, plus contrastés pour rendre la luxuriance de la végétation sur l’île, là, je les trouve un peu enterrés.
j’avoue que c’est un peu subjectif et peut-être qu’une impression ou alors la rémanence d’images mentales de l’époque où je lisait des histoires de pirates, mais le résultat est là : je trouve les verts « fades ».
D’un autre coté, la majeure partie de l’album se passant de nuit, il ne doit y avoir que deux trois planches de concernées, pas de quoi fouetter une Maria… oupss j’ai spoilé ^^

Toujours est-il que si vous avez rêvé sur les traces de Jim Hawkins, vibré aux « Pirates » de Polanski ou tout simplement kiffé les trois volets de « Pirates des Caraïbes » cette série est faites pour vous !
Annoncée en trois volets, l’avantage c’est qu’elle ne devrait pas trop grever votre budget BD, l’inconvénient, c’est qu’au bout de trois albums…
c’est fini !
Décidément Jean Duffaux est sans pitié….

Pas de pitié.
Pour personne.
Jamais.

*Merci Fif

Festival BD d’Auvers-sur-Oise 2011

Affiche Festival
© Eric Liberge – Festival BD Auvers-sur-Oise 2011

Pour cette 8e édition le festival m’aura laissé l’impression d’un cru en demi-teinte, hasard de la météo, désaffection des auteurs ou conjoncture maussade ? Je n’ai pas les cartes en main pour juger mais je vous livre mon ressenti :
Après avoir profité d’un magnifique samedi au soleil, je me suis réservé le dimanche pour visiter le salon avec mes enfants, bien m’en a pris, le temps était détestable…
Est-ce que cette météo désastreuse a eu une influence sur le nombre de visiteurs, je ne le sais pas, mais toujours est-il que le parking de la maison de l’ile était loin d’être bondé à notre arrivée sur les lieux.
Le prix d’entrée toujours modique de 3€, est un des points forts de ce festival qui reste à dimension humaine et quand on ne se ruine pas à l’entrée, on est plus enclin à dépenser dedans.
Malheureusement cette année, la dimension humaine justement nous a semblé proche du nanisme en entrant dans la grande salle.
Nous avons tout de suite été frappé par cette impression de vide et d’espace, impression qui a vite été confirmée par un rapide tour des lieux.
il semblerait que peu d’auteurs aient répondu présent à cette 8e édition et c’est un peu dommage.
Il y a les habituels petits éditeurs et fanzines que l’on retrouve avec plaisir sur ces manifestations, mais assez peu d’auteurs et beaucoup de chaises vides, pas les chaises de dessinateurs, les chaises de fans… et ça, c’est très dommageable pour un festival !
En près de trois heures sur les lieux, je pense avoir été le seul à demander une dédicace à Guillaume Sorel !
Même si je m’en réjouis vu qu’il faisait partie de ma « wish list », je trouve extrêmement blessant pour quelqu’un de son talent de rester assis à attendre le chaland, les gens comme lui ne viennent pas dans les salon pour se faire connaître ou gagner beaucoup d’argent, ça se saurait, mais pour rencontrer leur lecteurs. si les lecteurs ne sont pas au rendez-vous, il ne faudra pas s’étonner si il décline la prochaine invitation.

Tiens… un petit coup de gueule :
QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE FESTIVAL QUI N’EST PAS FOUTU D’AVOIR SON PROPRE SITE !?
hum… désolé d’avoir élevé le ton, mais c’est vrai quoi… aujourd’hui n’importe quel collectionneur d’étiquettes de boîte de Camembert est capable de se monter un site digne de ce nom en 5 minutes chrono… Pourquoi un Festival qui en est à sa huitième édition est infoutu d’avoir quelque chose de correct !???
Je ne demande pas un gros site en flash avec des anims dans tous les sens, mais juste un simple Blog avec des infos au jour le jour, un blog qui soit facilement accessible en tapant « festival BD Auvers » sous Google. Les site comme Overblog ou Blogger, pour ne citer qu’eux, sont fait pour ça !

Aujourd’hui, vous voulez des infos sur le Festival ?
Rien de plus simple, il faut aller sur Opale BD (http://www.opalebd.com/) qui sont les seuls à proposer des infos fiables sur le festival.

Même le site municipal d’Auvers est d’une indécente pauvreté sur le sujet…. Tiens je me permets un copier/coller; ça sera pas long :
2 et 3 avril 2011 : 8e salon de la BD
Maison de l’ile
Salon de la BD
La 8ème édition du salon de la bd, samedi 2 et dimanche 3 avril 2011
Maison de l’Ile – rue Marcel Martin
95430 AUVERS-SUR-OISE
De 11 h à 18 h
Tarifs : 3 euros
gratuit pour les moins de 12 ans
Invité d’honneur : Eric Liberge qui exposera du 21 mars au 3 avril à la Maison de l’Ile
Le temps passe si vite ! Après avoir accueilli nombre d’auteurs / illustrateurs de renommée, lancé de jeunes talents, fanzines, expositions, l’équipe du salon de la BD, s’apprête à vous surprendre à nouveau avec une pléiade de nouvelles têtes et de nouvelles animations, expositions.

Source : http://www.auvers-sur-oise.com/heading/heading12148.html

Génial non ? Il faut admettre qu’il y a un point positif : on a les informations pratiques et l’invité d’honneur, mais ça en reste là, même le visuel n’a rien à voir avec l’affiche du festival…
Messieurs les organisateurs du festival, si vous passez par ici, contactez-moi, je vous filerai un coup de main à mettre une vraie communication en place, parce-que là, franchement, c’est affligeant….

Mais je ne suis pas là pour débiner cet évènement, la preuve je l’attends chaque année avec autant d’impatience, alors positivons :

Même si je préférais l’époque ou elle était sur la scène, l’exposition d’œuvres de l’invité d’honneur fait toujours son petit effet.
Cette année n’a pas dérogé à la règle Eric Liberge nous a gâtés, planches exclusives des futurs mr Mardi-Gras Descendres (une trilogie axée sur le personnage du facteur) j’en salive d’avance ! Et tout un tas d’études et de dessins préparatoires pour « les Vainqueurs… » ou « les Voyageurs… » J’avoue avoir un trou pour le titre, mais pour les images, aucun doute !
Amoureux de peplums, d’histoire antique, de Rome Eternelle, de gladiateurs huileux (grand fou^^), vous allez être comblés !
D’un trait qui m’évoque le meilleur de Murena, je suis impatient de voir l’album et je prie pour que le scénario soit à la hauteur, vu que je n’ai aucun doute sur les images au vu de cette exposition !

Eric Liberge était sans conteste la « Star » du festival, invité d’honneur et pléiade de fans faisant la queue pour une dédicace, et comme une bonne groupie de base j’ai aussi fais la queue, J’ai pu discuter avec un auteur fort sympathique et ouvert, mon seul regret, Eric fais partie de ces auteurs allergique aux livres d’or, il m’a donc dédicacé un de ses albums que je vous recommande chaudement « Aux Heures Impaires » (Musée du Louvre Éditions – Futuropolis)

Aux heures Impaires - Liberge
© Eric Liberge – Musée du Louvre Éditions

Comme Mr Mardi-Gras Descendres cet album est un travail personnel de l’auteur, par-là j’entends du « pur Liberge », des histoires philosophiques, poétiques et oniriques qui nous entraînent dans un univers décalé aux palettes sombres et quasi monochromatiques.
De plus « Aux Heures Impaires » traite du Handicap, sans misérabilisme ni voyeurisme mais d’une façon qui nous place face à nos propres contradictions, notre position vis-a-vis du handicap et de l’autre. Serions-nous si différents des valides de cet album ?
Je n’en suis pas sûr… quoique après sa lecture, peut être… il faut l’espérer.

Quoiqu’il en soit, je vous présente cette superbe dédicace d’Eric Liberge, que je remercie de sa patience !

Dédicace Eric Liberge
© Eric Liberge 2011

Ensuite, je n’ai pas pu résister à l’envie d’aller voir Guillaume Sorel, trop facile, j’avais prévu d’y passer et il était seul à sa table :)
J’ai profité de l’occasion pour acquérir son dernier livre d’Illustration : tirage limité à 2 000 ex et prix modique, pourquoi se priver ?

Sorel - Illustrations
© Guillaume Sorel – Les Temporalistes Réunis

Au chapitre des projet en cours, Guillaume Sorel prépare une adaptation en images de la terrible vie de Stefan Zweig, un projet bien loin de son univers fantastique habituel, mais qui lui tient réellement à cœur, même si il envisage déjà d’être en retard sur le rendu final, retard auquel il n’a pas le droit vu que la sortie doit coïncider avec une commémoration (130 de sa naissance ou 70 ans de son décès, je suis désolé, j’ai oublié…).
Mais toujours un exercice de style dans une palette chromatique inhabituelle pour lui (Brésil des années 40) en couleurs directes comme d’habitude donc sans filet !

Et voilà le petit crobard dont il a fort gentiment gratifié mon livre d’or.

Dédicace Guillaume Sorel
© Guillaume Sorel 2011

Donc peu d’auteurs, peu de badauds, je suis resté un petit peu sur ma faim et j’espère de tout cœur que la neuvième édition aura lieu et sera plus fournie.
Vivement 2012 ! :)