Je suis Légion et ses Chroniques

À l’occasion de la sortie de « Les Chroniques de Légion« , je vais faire un petit retour sur la magnifique trilogie « Je Suis Légion » de Fabien Nury et John Cassaday pour ceux qui ne la connaîtrait pas encore.

Alors le Seigneur s’approcha de l’homme, et lui demanda son nom :
« Légion », dit l’homme, « Car nous sommes nombreux. »
Marc, 5.9

Couv Je suis Légion T1
Tome 1 – Le Faune Dansant
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2004
Couv Je suis Légion T2
Tome 2 – Vlad
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2006
Couv Je suis Légion T3
Tome 3 – Les Trois Singes
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2007

Le mythe de la vie éternelle aura fait couler des fleuves d’encre et de pigments depuis les débuts de l’humanité. L’homme n’a de cesse que de vaincre la mort, alors qu’il excelle dans l’art de la donner, mais ça c’est un autre débat qui n’a pas forcément sa place ici.
Il n’est pas étonnant donc d’avoir vu fleurir de nombreuses légendes tenaces : Homme qui ressuscite, Phénix qui renaît de ses cendres, Saint-Graal, Fontaine de jouvence, entre autres, mais aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse : Vampires !

Oui, le vampire, vous savez, ce mec blafard comme un lave-linge, qui ne se reflète pas dans les miroirs, se transforme en Batman chauve-souris pour se déplacer plus rapidement, ne supporte pas l’ail et le soleil (on en déduit qu’il y en a très peu dans la région de Nice), dort dans un cercueil et a la fâcheuse manie de transpercer à coup de canines hypertrophiées la jugulaire de jeunes vierges tombées sous son charme.

Immortalisé par Bram Stoker, le personnage du Comte Dracula en est l’archétype originel.
Notons au passage que Bram Stoker c’était inspiré d’un prince de Valachie du XVe siècle tout à fait réel lui , Vlad III, réputé pour sa cruauté et sa manie d’empaler pour un oui ou pour un non les fâcheux qui avaient eu l’impudence (et surtout l’imprudence) de le contrarier.
Cette légère digression historique me permet de revenir à Légion, en effet, Fabien Nury s’est inspiré du même personnage historique pour son scénario, tout en étant plus fidèle à la légende que Bram Stocker (voir l’article Wikipédia sur Vlad Dracul) et de sa lutte pour le pouvoir, bien réelle, avec son frère Radu.

Avertissement : à partir d’ici commence la zone de SPOIL potentiel.

Pour Fabien Nury, pas d’ail, de chauves-souris, de canines, de miroir et autres crucifix, le strigoï survit grâce à une particularité sanguine le rendant potentiellement immortel.
Pour être clair, le sang de Vlad et Radu est le siège de leur personnalité, est animé d’une vie propre et se comporte de façon parasitaire en s’introduisant dans le corps de la (des) victime(s), une fois le sang assimilé, l’hôte est entièrement contrôlé par le donneur.
De telle manière, les deux Strigoïs survivent depuis le XVe siècle en changeant d’hôte au gré de leurs besoins, leurs desseins, mais aussi leurs nécessités car parfois c’est une question de survie pour eux, dans ce dernier cas, un animal peut être le récipiendaire de leur sang.

Planche Je suis Légion T1
Tome 1 – Le Faune Dansant
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2004
Planche Je suis Légion T2
Tome 2 – Vlad
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2006
Planche Je suis Légion T3
Tome 3 – Les Trois Singes
© Fabien Nury – John Cassaday
Les Humanoïdes Associés 2007

L’action prend place, dans le premier album, à l’un des moments les plus troublés de notre histoire : la seconde guerre mondiale. Dans ce contexte historique, Vlad évolue sous les traits d’une enfant roumaine servant d’expérience dans un programme secret nazi visant à créer le soldat parfait à partir d’untermenschen.
Quel espoir pour les nazis, que de contrôler à partir d’un seul esprit une troupe de soldats insensibles à la douleur et dont l’éventuelle perte n’indignera aucun haut dignitaire puisque aucun brave soldat aryen n’aura péri dans l’assaut, seulement quelques prisonniers de guerre voir des juifs, des slaves ou des roms.

Au même moment, à environ 2500 km de là, à Londres, Victor Thorpe meurt dans d’étranges circonstances, suffisamment étranges pour déclencher une enquête.
Ce n’est pas tous les jours que l’on trouve un cadavre qui s’est auto-égorgé sans laisser une trace de sang !
Et en période de guerre, lorsque l’on sait que cet homme était riche et très influent, ça devient directement une affaire d’état.
Stanley Pilgrim et son équipe sont chargés de l’enquête et leurs soupçons se dirigent assez rapidement vers Peter Wilkes, ce qui est dramatique, cet homme ayant accès au War Office où siège aussi Sir Winston Churchill et donc accès à tout le renseignement stratégique anglais.

Vous l’aurez compris, Victor Thorpe, Peter Wilkes ne sont qu’une seule et même personne : Radu !

Radu poursuit une quête personnelle bien plus importante a ses yeux que la guerre mondiale qui déchire le monde des hommes : La destruction pure et simple de son frère Vlad !
Leur lutte fratricide les conduira sur les différents fronts d’opération de l’ouest et se conclura bien évidemment par la confrontation attendue.

Nous avons donc un scénario original aux multiples rebondissements et sans temps morts excessifs, servi par un dessin réaliste de John Cassaday qui distille avec brio les cadrages et les sorties de cases sans en faire trop. Les trois albums se lisent facilement mais demandent un peu de calme pour bien appréhender les différents personnages, les implications de leurs actes; à ne pas lire dans le métro ou entre deux tâches ménagère donc.

Voilà pour « Je Suis Légion », intéressons-nous maintenant aux « Chroniques de Légion », ici Fabien Nury a choisi de faire appel à plusieurs dessinateurs, j’avoue que sur le coup ça m’a un peu ennuyé, je ne suis pas super fan de ce genre d’expérience.
Mais d’un autre coté, quand la couverture et le premier récit sont mis en valeur par Mathieu Lauffray, on ne fait pas le difficile longtemps, quelle belle carte de visite !

Couv Chroniques de Légion T1
Les Chroniques de Légion – Livre 1
© Fabien Nury – Mathieu Lauffray
Glénat 2011
Planche Chroniques de Légion T1
Les Chroniques de Légion – Livre 1
© Fabien Nury – Mathieu Lauffray
Glénat 2011

Je dois avouer toutefois, qu’une fois l’album ouvert, même si la transition entre les différents dessinateurs est évidente, elle n’est pas choquante. C’est dû à mon humble avis à la structure de l’ouvrage : quatre dessinateurs, quatre époques de la vie de Vlad et Radu.
Nous voici projeté à l’origine de la saga au XVe siècle avec Mathieu Lauffray, puis au XVIe siècle avec Mario Alberti, puis en plein cœur de la retraite napoléonienne de Russie avec Zhang Xiaoyu et finalement à la fin du XIXe siècle avec Tirso, chapitre final où nous retrouvons le jeune Victor Thorpe qui réapparaîtra très brièvement dans le Tome 1 de Je Suis Légion.
Du coup ces changements de mains, ne sont pas préjudiciables à une lecture sereine de l’album, la palette chromatique est relativement raccord d’un chapitre à l’autre et contribue à conserver l’immersion dans le récit.

Sachant que les Chroniques de Légion, sont une tétralogie, je me pose quelques questions et en suis réduis à des conjectures hasardeuses. Il est possible qu’une simple recherche Google réponde à mes interrogations, mais je vais quand même émettre mes hypothèses et les soumettre à votre légendaire sagacité* :
Quatre volumes sont prévus, seront-ils avec les même dessinateurs ?
Étant donné que 4 périodes courent de la genèse au dénouement, est-ce que dans les prochain volumes chaque chapitre reprendra là où le précédent c’est arrêté ??
Ou alors ce seront d’autres créneaux de temps et angle de point de vue ?

Ce ne sont pas de bien grandes interrogations mais si vous détenez une réponse fiable, faites m’en part, j’éditerai le billet ;)

*Je tiens mes lecteurs en haute estime n’est-ce pas ?

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